Politique - Port franc

Boris Johnson veut créer six ports francs

Par Sindbad Hammache · lejournaldesarts.fr

Le 4 juillet 2019 - 484 mots

LONDRES / ROYAUME-UNI

Le candidat au poste de Premier ministre en fait un argument de campagne pour sortir de l’Union Européenne.

Boris Johnson © Photo Annika Haas, 2017
Boris Johnson, 2017

L’année passée, le site Artsy publiait un long article qui expliquait quels pourraient être les bénéfices du Brexit pour le marché de l’art britannique. Sorti de la tutelle de l’Union Européenne, le Royaume-Uni pourrait fixer une TVA sur l’art en dessous des 5 % imposés par Bruxelles ou remettre en cause le droit de suite des artistes. Le marché de l’art britannique, qui a regagné cette année sa seconde position mondiale, pourrait également accueillir positivement la proposition de Boris Johnson sur l’établissement de ports francs dans le pays.

A l’occasion d’un meeting en Irlande du Nord, le candidat conservateur au poste de Premier ministre a fait part de son souhait d’implanter des zones libres de taxes sur les côtes du Royaume-Uni, semblables à celle installées à Singapour, Monaco, Genève ou Luxembourg. « J’en veux six comme ça. […] Il y en a partout dans le monde, environ 130 pays en ont. Nous non, à cause de notre adhésion à l’Union Européenne ».

L’Union Européenne n’interdit pas l’établissement de ports francs sur le territoire des pays membres : en novembre 2017, on comptait 82 zones franches à l’intérieur des frontières de l’Union. L’ouverture du Freeport luxembourgeois en 2014, spécialisé dans le stockage d’œuvres d’art, a même reçu le soutien de l’ancien Premier ministre du Grand-Duché et Président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker. En revanche, le Code douanier commun s’impose aux ports francs des états membres : les biens qui transitent par les ports francs doivent être déclarés, à l’import comme à l’export.

Ces zones libres de taxes ont attiré l’attention du Parlement Européen. Dans son rapport du 26 mars dernier sur l’évasion fiscale, le Parlement déplorait que les ports francs, destinés à stocker des biens en transits, soient devenus des espaces de stockage quasi permanent, prisés pour « leur opacité, et le report des droits à l’importation ainsi que des taxes indirectes comme la TVA ». Le rapport demande à ce que le secret soit levé sur les biens stockés dans ces structures. En 2019, le parlementaire allemand Wolf Klinz avait interpellé le président de la Commission Européenne, demandant la fermeture de certains ports francs et une enquête sur la gestion du Freeport luxembourgeois.

Boris Johnson, tout comme son concurrent à la course pour le 10 Downing Street, Jeremy Hunt, défendent l’idée d’un réseau de ports francs dans une perspective post-Brexit, en dehors du cadre législatif et parlementaire de l’Union. Tous deux sont favorables à une sortie de l’Union Européenne, et voient dans ces zones libres de taxes un moyen de stimuler l’économie britannique et la création d’emploi après le divorce avec Bruxelles. Pour Boris Johnson, elles pourraient s’établir en Irlande du Nord, ou dans des villes côtières comme Aberdeen, Peterhead ou Teesside. Le maire de cette dernière localité a accueilli la proposition avec enthousiasme.
 

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