Versailles

Des stars et le Qatar

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 3 septembre 2009 - 501 mots

Takashi Murakami et Maurizio Cattelan devraient succéder à Xavier Veilhan au château de Versailles.

VERSAILLES - Le Qatar n’est pas seulement devenu le partenaire économique, politique et militaire de la France. Il pourrait aussi jouer un rôle d’allié culturel. Ce pays devrait coproduire la prochaine exposition de Takashi Murakami au château de Versailles, l’artiste nippon y succédant à Jeff Koons et à Xavier Veilhan. Depuis plusieurs mois déjà, l’établissement public français avait envisagé de poursuivre son programme contemporain avec Murakami. La décision s’est précipitée lorsque la fille de l’émir du Qatar, la Sheikha Al Mayassa Bint Hamad Bin Khalifa Al-Thani, a fait savoir que son pays souhaiterait coproduire l’exposition. De fait, le calendrier versaillais sera sensiblement bousculé, l’exposition se déroulant au château au printemps 2010 avant d’être envoyée à Doha pour le Festival des arts du Qatar prévu à l’automne suivant. Le mécénat de ce pays du Golfe est d’autant plus opportun que Murakami risque d’alourdir le coût de l’exposition en intégrant des œuvres issues de collections étrangères. « Je veux limiter au maximum les transports, précise toutefois Jean-Jacques Aillagon, président de l’établissement public. Il existe déjà des ressources importantes d’œuvres de Murakami dans les collections de François Pinault et de Bernard Arnault. Récemment, François Pinault en a encore acheté. » Dans la foulée, le Qatar pourrait-il se muer en partenaire privilégié du domaine national de Versailles en finançant par exemple ses restaurations ? « Pour l’instant, j’attends que ce projet se conclue positivement, confie Jean-Jacques Aillagon. Mais le fait que le Qatar considère qu’une présentation préalable de l’exposition à Versailles soit importante est un signe très positif. L’expérience Koons a bien fonctionné et a donné une référence. »

Le programme versaillais devrait se poursuivre avec une autre star du marché, l’Italien Maurizio Cattelan. « Toute son œuvre interroge l’histoire et raconte des histoires. Il a des choses à dire dans un Musée de l’Histoire de France comme Versailles. Murakami est, lui, plus dans la lignée de Jeff Koons, une star qui dialogue avec une autre star, Versailles », indique Jean-Jacques Aillagon. Les deux expositions Murakami et Cattelan comprendront un mélange d’œuvres existantes et de nouvelles productions. L’approche des deux artistes diffère cependant totalement. Le tropisme culturel de Cattelan le pousserait plutôt vers des espaces chargés comme la galerie des Batailles. Murakami serait lui plus séduit par le côté « carte postale » du château, avec son parcours obligé des appartements de la Reine à la chambre du Roi.

Ces choix artistiques seront peut-être porteurs en termes de billetterie, la fréquentation du château ayant progressé de 20 % durant l’exposition Koons. Versailles se verra toutefois reprocher une collusion avec le marché et une programmation chiche en créateurs français. « Quand nous avons commencé l’an dernier avec Jeff Koons, les observateurs avaient déjà hurlé à la collusion avec le marché, réplique Jean-Jacques Aillagon. Mais cette année, on propose Xavier Veilhan et ceux-là mêmes qui nous critiquaient sont aujourd’hui intéressés. L’idéal serait d’alterner artistes français et étrangers. La conjonction Murakami-Cattelan est accidentelle. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°308 du 4 septembre 2009, avec le titre suivant : Des stars et le Qatar

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