Art ancien

ENTRETIEN

Alexis et Nicolas Kugel, antiquaires : « L’art ancien devrait être plus soutenu »

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 5 juillet 2017 - 437 mots

Les antiquaires parisiens Alexis et Nicolas Kugel ouvrent en septembre six nouvelles salles dans leur galerie des quais de Seine consacrée à la sculpture et aux tableaux.

 

Pourquoi avoir décidé de vous agrandir ?

La mise en vente d’un immeuble mitoyen nous a permis de nous étendre. La partie originelle qui donne sur les quais se déploie sur trois étages, soit environ 1 000 m2. La partie ajoutée (300 m2), située de l’autre côté de la cour intérieure, est reliée par une galerie au premier étage. Six nouveaux salons seront ouverts au public dès septembre. Traditionnellement, dans les salles d’origine, les visiteurs ont la possibilité de découvrir un riche intérieur de collectionneur. Or, un environnement foisonnant peut être préjudiciable à l’admiration d’une seule œuvre. Il nous fallait davantage d’espace autour des objets. Désormais, cette superficie permet d’exposer nos pièces de toutes les manières possibles.
 

Qu’allez-vous exposer dans ces nouvelles salles ?

L’idée est de n’y exposer ni meubles ni arts décoratifs mais uniquement des sculptures et des tableaux (Renaissance, XVIIe et XVIIIe siècles). La peinture ancienne a toujours été l’une de nos spécialités, ce qu’ignore le public. D’abord parce qu’à Maastricht [la foire Tefaf] nous exposons dans la section « Objets d’art », puis aussi parce que nous n’achetons pas en ventes publiques mais directement auprès des collectionneurs privés. Nous n’aurons pas plus d’objets, ce sera seulement plus aéré.
 

Quel regard portez-vous sur l’état du marché de l’art ancien ?

Agrandir une galerie est un signe positif pour le marché. Même s’il connaît actuellement un fléchissement, notre chiffre d’affaires est stable. Nous avons souffert indirectement des affaires qui ont éclaboussé le marché, des attentats, des élections… Les clients internationaux venant moins à Paris, nous avons compensé en réalisant une exposition à New York, en y ouvrant un bureau et en participant à Tefaf New York. Notre éventail de spécialités nous met à l’abri des phénomènes de mode et nous contrebalançons la désaffection temporaire pour le mobilier français du XVIIIe par la sculpture et les objets d’art et de curiosité.

Si ce marché est à la peine, c’est en partie parce que les politiques culturelles sous-estiment la richesse et le prestige de notre patrimoine. Elles devraient soutenir l’art ancien en France en organisant des expositions régulières comme celle, au Musée des arts décoratifs, sur le bronzier Pierre Gouthière, au lieu d’ouvrir des centres d’art contemporain. Paris est la plus belle place au monde pour l’art. Nous continuerons à créer des événements en marge de la Biennale, certainement tous les deux ans, le temps de monter une exposition de qualité muséale, comme celle des automates l’an passé.

 

 

Galerie Kugel,
25, quai Anatole-France, 75007 Paris. Accès aux nouvelles salles, du 13 au 17 septembre, 10h30-19h.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°483 du 7 juillet 2017, avec le titre suivant : Alexis et Nicolas Kugel, antiquaires : « L’art ancien devrait être plus soutenu »

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