Bilan

Bilan 2016

Le marché de l’art fait le yo-yo

Par Jean-Christophe Castelain · Le Journal des Arts

Le 14 mars 2017 - 573 mots

Le rapport annuel de Tefaf sur le marché de l’art change de rédacteur et de méthodologie. Le marché a simultanément baissé et augmenté en 2016. De quoi en perdre son latin.

MAASTRICHT (PAYS-BAS) - Le marché de l’art aurait fondu de 31 %. Tel est le premier enseignement du rapport annuel de Tefaf (The European Fine Art Fair), qui n’est plus produit par Clare MacAndrew mais par Rachel Pownall, laquelle enseigne la finance à l’université de Maastricht. Que l’on se rassure, ce n’est pas le marché qui s’est effondré. Rachel Pownall a refait ses calculs, et éliminé les vendeurs de « vêtements d’occasion et de fripes », façon de dire que Clare McAndrew avait une définition trop laxiste des antiquaires et galeristes (les « dealers »). Résultat, le total du marché de l’art n’était pas de 63,8 milliards de dollars (58,8 Md€) en 2015 mais de 44,2. Dont acte. Il est vrai qu’il est difficile d’apprécier les ventes d’art chez les « dealers. » En revanche, on comprend moins pourquoi le chiffre des ventes aux enchères de 2015, estimé 29,9 milliards de dollars par Clare McAndrew, tombe à 21,08 chez Rachel Pownall alors que les données sont fournies par le même analyste, en l’occurrence Artnet. Autre indice troublant, le rapport Tefaf indique une baisse de 1,3 % des ventes aux enchères en France alors que le Conseil des ventes volontaires, qui dispose de chiffres plus fiables, annonçait en février une hausse de 5 %.

Une progression de 1,7 %
Tout cela incite à prendre ces chiffres avec des pincettes et à s’attacher surtout aux évolutions d’une année sur l’autre. À cet égard, selon Rachel Pownall, le marché global aurait augmenté de 1,7 % en 2016, alors que l’an dernier Clare McAndrew pointait une baisse de 7 % pour l’année 2015. Et ce sont les antiquaires et galeristes qui ont sauvé l’année, compensant la baisse de près de 19 % des ventes aux enchères en 2016. Ici, on est sur un terrain de confiance quant aux chiffres puisque Christie’s et Sotheby’s, qui dominent le secteur, ont eux-mêmes annoncé des baisses de cette ampleur. Selon le rapport, les collectionneurs, fuyant les flashs des ventes publiques, rechercheraient la discrétion des ventes de gré à gré. Un chiffre illustre à la fois cette tendance et la capacité des maisons de ventes à garder leurs clients : celles-ci ont vendu pour près de 2 milliards de dollars d’objets d’art en transactions privées. Le feu est en train de passer à l’orange pour les antiquaires et galeristes. Si, selon Rachel Pownall, ils vendent plus d’art que les maisons de ventes (62 %), la concurrence de ces dernières dans les ventes de gré à gré, en tout cas dans le haut de gamme, monte en puissance.
Le rapport Tefaf a le mérite de remettre les pendules à l’heure s’agissant de la Chine. Si l’Asie, c’est-à-dire principalement la Chine, occupe la première place des ventes aux enchères, elle n’est que troisième si l’on prend en compte la totalité des ventes. C’est la « vieille » Europe qui domine avec 45,5 % du marché, suivi des Amériques (32 %) et de l’Asie (22 %).

On attend les chiffres de Clare McAndrew qui travaille aujourd’hui pour Art Basel. Elle doit produire un rapport sur le marché pendant l’édition Hongkongaise organisée fin mars. Ce qui pourrait ajouter à la confusion dans un milieu qui brasse beaucoup d’argent mais ne sait pas faire des additions.

Légende photo

TEFAF 2014, Maastricht © Photo Kleon3 - 2014 - Licence CC BY-SA 3.0

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°475 du 17 mars 2017, avec le titre suivant : Le marché de l’art fait le yo-yo

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