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Cuisine - La Gastronomie aiguise les appétits

Les cités de la gastronomie en lice

Dijon, Beaune, Tours, Rungis et Lyon concourent pour accueillir une Cité de la gastronomie. La ville de Paul Bocuse semble favorite

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 27 novembre 2012 - 763 mots

Cinq villes ont passé un grand oral devant le jury chargé de désigner celle qui accueillera la Cité de la Gastronomie. Lyon, avec son projet de reconversion de l’Hôtel-Dieu, paraît favorite. Mais Dijon, Beaune, Tours et Rungis ne s’estiment pas battues. La décision est attendue début 2013.

LYON - Au mois d’octobre, cinq villes ont passé le « grand oral » devant un jury chargé d’élire celle qui aura le droit de porter le titre convoité de « Capitale internationale de la gastronomie », rien de moins. Cette idée de cité est née dans la foulée de l’inscription de la gastronomie française au patrimoine immatériel de l’Unesco en 2010, la mesure de sauvegarde majeure consécutive à l’inscription. La cité a été soutenue par le ministre de la Culture d’alors, Frédéric Mitterrand.

Depuis, les municipalités intéressées ont élaboré des projets, pour certains très ambitieux, qu’un comité de sélection emmené par Jean-Robert Pitte, président de la Mission française du patrimoine et des cultures alimentaires (MFPCA) devra départager. La Mission a d’ailleurs élaboré un cahier des charges strict sur les enjeux et les missions de la future Cité : elle devra être un centre de ressources et de formation, un lieu didactique proposant festivals et expositions, mais également un espace de commercialisation pour des caves, des restaurants ou des boutiques dédiées aux arts de la table, dans un modèle de partenariat public-privé fortement conseillé.

Si Versailles s’est retirée de la compétition à la veille du grand oral le 15 octobre dernier, cinq villes concourent encore : Rungis-Chevilly-Larue, Beaune, Dijon, Tours et Lyon.

Déploiement de charmes
À Chevilly-Larue, modeste agglomération de 20 000 habitants, on mise sur la force de frappe du marché de Rungis, surnommé le « ventre de la France ». À deux pas de l’aéroport d’Orly, un éco-quartier dédié à l’alimentation aurait sa propre logique. Reste que le coût de l’opération, évalué à 150 millions d’euros (mais soutenu par le Grand Paris) pourrait effrayer le comité de sélection, qui souhaite un « projet réaliste ». Beaune, célèbre pour ses Hospices, est riche d’un impressionnant patrimoine agricole (vins, viande charolaise, fruits et légumes) : la ville met en avant ses atouts locaux et une ruralité revendiquée dans un projet architectural boisé à l’entrée de la ville. Mais le coût important du dossier (environ 80 millions d’euros) et le manque de rayonnement à l’international sont les grands handicaps de cette candidature. D’autant plus que dans le département, Dijon est également entrée dans la compétition avec un projet de reconversion de l’ancien hôpital général de la ville. À proximité de l’AgroSup, la ville bénéficierait déjà d’infrastructures de recherches agronomiques et alimentaires. Dijon est candidate en parallèle à l’Unesco au titre des « Climats du vignoble de Bourgogne ». Le projet est estimé à 55 millions d’euros.

À Tours, la candidature est des plus ambitieuses : un bâtiment neuf sur les rives de la Loire et une île consacrée à un jardin potager et un parcours sensoriel. L’envergure du projet est à la mesure d’un grand plan de réaménagement urbain que la ville prévoit dans les années à venir.

Lyon joue ses atouts
Face à toutes ces candidatures, Lyon s’est lancée tardivement dans la course, mais fait figure de grande favorite. Avec des infrastructures existantes très importantes, la métropole joue la carte de l’évidence : « nous sommes à la fois internationaux et gastronomiques », assure, confiant, Gérard Collomb, maire de Lyon. Pour la Cité, il a choisi l’emblématique Hôtel-Dieu sur les quais du Rhône, désaffecté depuis 2010 et promis à une reconversion confiée au groupe Eiffage : le grand projet de reconversion d’un bâtiment patrimonial (classé en totalité en 2011) jamais réalisé en France. Sur un budget global de 250 millions d’euros, 18 millions seraient dévolus à la Cité, dont 7 à 8 millions à la charge de la municipalité pour l’aménagement et la muséographie. Selon les porteurs du projet, Paul Bocuse y ouvrirait trois restaurants, et Régis Marcon, grand chef étoilé, fait partie du comité d’élaboration. Tant pis si les salles XVIIe des Quatre-Rangs, où sont prévus les espaces de la Cité, avaient été promises à un grand musée de la médecine : une exposition permanente sur le thème de la santé et de la nutrition, un peu hors-sujet, semble faire office de pis-aller. Pour Gérard Collomb, aucun doute n’est permis : « on part du principe qu’on va gagner, puisque les plans B ne fonctionnent jamais ».

Les sept sages du comité de sélection ont décidé de prendre leur temps pour faire leur choix : la décision devrait être rendue au début de l’année prochaine.

Légende photo

Le projet de réhabilitation de l'Hôtel-Dieu de Lyon. © AIA Asylum/Eiffage/D. Repellin/Intercontinental

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°380 du 30 novembre 2012, avec le titre suivant : Les cités de la gastronomie en lice

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