Zao Wou-Ki chez Alexandre Le Grand

L'ŒIL

Le 1 mai 2005 - 253 mots

Zao Wou-Ki à la Bénédictine ! On dirait le titre d’un conte surréaliste, ou d’un poème oulipien. D’un côté, un merveilleux palais hérissé de flèches et de clochetons, chef-d’œuvre de l’architecture « néo » de la fin du XIXe siècle, construit par Alexandre Le Grand (!) pour abriter… une distillerie. Ce négociant en vins avait repris la recette d’un moine bénédictin (1510) pour créer la liqueur bien connue, qui se fabrique toujours au « palais ». De l’autre, un Chinois de Pékin, débarqué à Paris en 1948, qui file droit à Montparnasse puis au Louvre, avant de rencontrer la providence en la personne d’Henri Michaux ; celui-ci le présente à Pierre Loeb, et c’est le début d’une grande carrière. Cette rétrospective, présentée dans l’espace d’art contemporain de la Bénédictine, est plus modeste que celle du Jeu de Paume il y a deux ans. À côté des grandes toiles abstraites qui forment la part la plus connue de l’œuvre, on reverra avec bonheur les toiles des premières années parisiennes, paysages enchantés d’une fraîcheur déconcertante, où la matière de l’huile est travaillée avec des raffinements prodigieux. Les aquarelles inédites de cette période, sous leur aspect miniaturisé, ont elles aussi une fraîcheur et une liberté euphorisantes. Quant aux encres abstraites, de 1971 à nos jours, il semble qu’elles forment la part la plus magistrale de l’œuvre. La grande tradition chinoise revit, fécondée par l’abstraction occidentale, et emplit ces feuilles d’un souffle universel.

« Paysages intérieurs », FÉCAMP (76), palais bénédictine, 110 rue Alexandre Le Grand, tél. 02 35 10 26 10, 5 février-12 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°569 du 1 mai 2005, avec le titre suivant : Zao Wou-Ki chez Alexandre Le Grand

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