Wuidar, la géométrie amusante

Or, au Musée des arts contemporains (Macs) du Grand-Hornu, avec la rétrospective importante consacrée à ce plasticien de l’art construit – il s’agit de sa première exposition d’envergure dans une institution muséale belge, faisant suite à sa mise en lumière à Zurich en 2020 grâce à son exposition solo au Museum Haus Konstruktiv –, on s’aperçoit vite, avec une pléiade de tableaux, collages et carnets de dessins réalisés entre 1962 et aujourd’hui, que l’on a bel et bien affaire à une abstraction des plus inédites. Celle-ci multiplie, en effet, via un vocabulaire plastique riche de lignes et de couleurs, mais aussi de lettres ou de mots, les anamorphoses, jeux visuels et autres calembours. Dans ses compositions minutieuses et délicates, que l’on dirait tracées au cordeau, vient se lover une pincée d’humour, comme distillée par une « rigueur souriante » tout à fait étonnante. Pas impossible d’ailleurs que cette liberté de ton et d’action, couplée pour autant à une cohérence extrême, lui vienne de son parcours autodidacte. S’étant fait sa propre éducation artistique dès les années 1960, en se nourrissant de l’art égyptien, de Ben Nicholson ainsi que d’Edward Hopper, l’artiste s’autorise, au fil du temps, une abstraction joyeuse, non seulement joueuse (s’ouvrant même par endroits à des figures clandestines !), mais aussi infiniment élégante, au sens où Paul Valéry entendait par là « l’art de ne pas se faire remarquer allié au soin subtil de se laisser distinguer ». Wuidar, c’est exactement ça.