Angoulême (16)

Will Eisner, sur les traces d’un géant

Cité internationale de la bande dessinée jusqu’au 15 octobre 2017

Par Vincent Delaury · L'ŒIL

Le 17 février 2017 - 335 mots

À l’occasion du centenaire de sa naissance, la Cité internationale de la bande dessinée d’Angoulême rend hommage à Will Eisner (1917-2005), grande figure de la BD américaine et fervent défenseur du 9e art, connu tant pour ses géniales créations graphiques, dont l’incontournable Spirit (privé affublé d’un simple masque noir apparu pour la première fois en 1940), que pour son œuvre de théoricien de la bande dessinée : à l’instar de Scott McCloud, c’est l’un des rares praticiens du médium à avoir publié, en parallèle de ses « romans graphiques » – c’est d’ailleurs lui qui popularisera ce terme –, des traités didactiques sur la BD, au nombre de trois : L’Art séquentiel (1985), La Narration (1996) et Les Personnages (publié en 2008, après son décès).

Accompagnée d’un beau catalogue mettant à l’honneur les compositions dynamiques du grand Will, nourri à la fois par l’esthétique noir et blanc de Milton Caniff et des films noirs de l’époque, cette rétrospective, la toute première consacrée à Eisner, déroule sur 400 m2 et en cinq sections les temps forts d’une vie pour l’art. Immergé dans un décor urbain conçu par l’atelier Lucie Lom, jouant magnifiquement avec le clair-obscur et les ombres portées menaçantes qui caractérisent The Spirit, référence absolue de la bande dessinée policière, le visiteur découvre une pléiade de pièces. Plus de cent vingt planches originales côtoient imprimés, esquisses, photos et lettres manuscrites, qui vont des débuts précoces d’Eisner comme illustrateur à ses dernières productions autobiographiques des années 2000, en passant par l’agence Eisner & Iger, qui lancera dans les années 1930 de futurs grands dessinateurs (Bob Kane, Jack Kirby, Bob Powell…), le coup d’éclat du Spirit et, enfin, les vertus pédagogiques de la BD. En outre, si les deux commissaires de l’expo, Stéphane Beaujean et Jean-Pierre Mercier, rendent ici pleinement justice à ce maître qui a véritablement œuvré pour l’émergence d’une bande dessinée adulte, ils n’en oublient pas pour autant le jeune public, qui bénéficie d’un parcours de jeu, avec carnet, pour apprendre tout en s’amusant. Joyeux centenaire, Mr. Eisner !

« Will Eisner, génie de la bande dessinée américaine »

Musée de la bande dessinée, quai de la Charente, Angoulême (16), www.citebd.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°699 du 1 mars 2017, avec le titre suivant : Will Eisner, sur les traces d’un géant

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