Vuillard sous le soleil

Saint-Tropez met en exergue ses premières peintures

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 30 juin 2000 - 362 mots

La carrière d’Édouard Vuillard (1868-1940) s’étend de la Belle Époque aux débuts de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 80 tableaux, dessins, pastels et lithographies permettent de redécouvrir le parcours artistique du peintre, notamment ses premières peintures composées de scènes d’intérieur intimistes.

SAINT-TROPEZ - Composé de quelques touches de jaune et de vert, le personnage de La Porte entrebâillée (1891) semble sortir de nulle part, sinon du décor lui-même. La toile est représentative des débuts de l’artiste ; de la période des Nabis où, renonçant à la profondeur de champ et à la mise en volume, Vuillard magnifie l’intimité ordinaire, dissout les figures et objets dans l’interprétation de la forme par la couleur pure. Le peintre ne s’attache pas à la seule transposition du lieu sur un mode décoratif, il suggère son insertion dans le temps en évoquant une action, celle d’une porte qui s’ouvre, d’un personnage faisant irruption. C’est aussi un tableau qui joue sur l’ambiguïté et fait mentir le proverbe de Musset selon lequel Une porte doit rester ouverte ou fermée. Avant 1900, même si Vuillard a peint des scènes de plein air (parcs, rues, paysages), les ambiances à caractère privé, les scènes d’intérieur dominent dans sa production. Il y révèle la vie cachée des métropoles modernes, s’inspirant largement de l’atelier de couture de sa mère, comme dans Deux femmes sous la lampe (1892) ou Deux ouvrières dans l’atelier de couture (1893), acquisition récente du Musée d’art moderne d’Édimbourg. À partir du début du siècle, l’artiste réalise de plus en plus de sujets hors de son cadre domestique, ses toiles se font moins intimes, plus faciles d’accès, parfois plus mondaines. Il effectue de nombreux portraits consacrés à ses amis de La Revue blanche, notamment Le Graveur Vallotton dans son atelier (1902). Des tableaux tels Le Square Vintimille (1928) ou Dans le parc du Château de Clayes (1934-1935), tous deux provenant de collections particulières, témoignent d’une nouvelle conception de l’espace, organisée par la perspective classique.

- ÉDOUARD VUILLARD - LA PORTE ENTREBÂILLÉE, jusqu’au 1er octobre, L’Annonciade, Musée de Saint-Tropez, Place Grammont – 83990 Saint-Tropez, tél. 04 94 97 04 01, tlj sauf mardi, 10h-12h et 15h-19h. Catalogue 160 p., 180 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°108 du 30 juin 2000, avec le titre suivant : Vuillard sous le soleil

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