Marseille (13)

Volubilis, petite Rome au cœur de l’Afrique

MuCEM - Jusqu’au 25 août 2014

Par Bérénice Geoffroy-Schneiter · L'ŒIL

Le 16 mai 2014 - 337 mots

Les touristes qui se pressent en grand nombre sur les terres du Maroc ignorent, pour la plupart, que ce pays regorge de sites archéologiques.

Située à une trentaine de kilomètres de la ville de Meknès, la cité romaine de Volubilis se déploie ainsi sur quarante hectares au beau milieu des champs et des oliveraies. Hélas, les cigognes ont remplacé désormais les archéologues, et les somptueuses mosaïques voient pâlir leurs couleurs sous le feu ardent du soleil… Heureusement, la plupart des chefs-d’œuvre découverts dans la première moitié du XXe siècle au cœur des somptueuses demeures patriciennes ont été déposés en sûreté au Musée archéologique de Rabat. Parmi eux, un ensemble remarquable de sculptures coulées dans le bronze témoigne de l’extraordinaire richesse de cette « petite Rome au cœur de l’Afrique » sur laquelle plane encore le souvenir du bel empereur Juba II. Ce jeune prince de Numidie ne fut-il pas emmené en captivité dans l’Urbs, où il reçut une éducation classique des plus complètes ? Aux dires des auteurs antiques, il fut même l’un des plus grands savants de son temps, et ses nombreux traités influencèrent des auteurs aussi prestigieux que Pline l’Ancien ou Plutarque. Avec son épouse Cléopâtre Séléné (fille de la grande Cléopâtre et de Marc Antoine), Juba II symbolisait à lui seul la quintessence de la civilisation méditerranéenne de son temps, fruit de métissages religieux, culturels et artistiques. En tissant un partenariat étroit avec la toute jeune Fondation nationale des musées du Maroc, le MuCEM perpétue symboliquement cette histoire qui vit le jour des deux côtés de la Méditerranée. En témoignent ces bronzes d’une qualité suprême, qui reflètent, plus que tout long discours, l’uniformisation du goût des élites romaines et la diffusion des mêmes modèles au sein de tout l’Empire. Du portrait du jeune souverain à ces graciles éphèbes aux charmes ambigus, l’on sent palpiter ainsi le souvenir des plus grands noms de la sculpture grecque. L’on peut regretter toutefois que cette exposition « diplomatique » ait quelque peu négligé le discours scientifique, en oubliant des pans entiers de la riche histoire de Volubilis…

« Splendeurs de Volubilis. Bronzes antiques du Maroc et de la Méditerranée »

MuCEM, 1, esplanade du J4, Marseille (13)
www.mucem.org

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°669 du 1 juin 2014, avec le titre suivant : Volubilis, petite Rome au cœur de l’Afrique

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