Vito Acconci : l’espace à l’œuvre

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 juillet 2004 - 366 mots

L’exposition consacrée à Vito Acconci au musée des Beaux-Arts de Nantes et pensée en collaboration avec le Macba de Barcelone énonce une rétrospective compacte, obéissant relativement et sagement aux changements de pratiques effectués par l’Américain en une série de chapitres commodément maniables. À l’enchaînement chronologique répondent en effet des ruptures nettes, modifications de supports et de médias, renouvellements ou bouleversements de registres, dont Acconci s’est fait le spécialiste complexe et exigeant quarante années durant. Un parcours en tiroirs, le long duquel l’artiste américain n’a cessé de dérouler un même fil, celui d’un espace syntaxique et social radicalement interrogé et mis sous tension, quel que soit le terrain d’expérimentation et quel que soit le médium convoqué. Dans les années 1960, Vito Hannibal Acconci écrit donc des poèmes concrets. Il y développe un langage qui préfère déjà parcourir, couvrir l’espace plutôt que de se limiter au signifiant. La page comme champ d’action, comme « aire de performance en miniature » qui laisse très vite place à l’espace réel et théâtralisé, convertissant Acconci en héros du Body Art. Au début des années 1970, il multiplie les performances les plus offensives, dont la plus célèbre reste certainement Seedbed en 1972. Acconci s’était alors installé pendant toute la durée de l’exposition new-yorkaise, dissimulé sous une rampe, se masturbant alors que le public circulait au-dessus de lui. L’espace du corps de l’artiste, l’espace de la galerie et l’espace du public communiant par sa voix diffusée simultanément. Performances, installations, vidéos, productions sonores (restituées ici au public par une banque de donnée numérisée et interactive) et enfin architecture avec la création du Studio Acconci dans les années 1980, les registres et supports varient, abandonnant progressivement la physicalité de l’artiste, pour n’en garder que quelques résidus sonores ou métaphoriques. Le parcours nantais restitue largement cette soumission ininterrompue des espaces au corps et au contexte, mettant l’accent sur l’architecture à laquelle Acconci se livre désormais tout entier. Récusant l’abstraction.
Exhortant à l’expérimentation et au sensoriel avec un sérieux parfois déroutant, mais toujours solidement installé dans sa préoccupation première : « faire de l’art ».

« Vito Hannibal Acconci Studio », NANTES (44), musée des Beaux-Arts, 10 rue Clemenceau, tél. 02 51 17 45 00, 16 juillet-17 octobre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Vito Acconci : l’espace à l’œuvre

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