Variations plastiques et sonores

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 mai 2002 - 259 mots

On sait l’influence déterminante qu’opéra la musique sur la démarche de Kandinsky en quête d’abstraction. « Pour l’artiste créateur qui veut et qui doit exprimer son univers intérieur, l’imitation, même la plus réussie, des choses de la nature, ne peut être un but en soi. Et il envie l’aisance, la facilité avec lesquelles l’art le plus immatériel, la musique, y parvient », note-t-il en 1911 dans Du Spirituel dans l’art. Si l’art concret, tel qu’il émerge vers 1930, relève d’intentions davantage « objectives » que subjectives, il n’en est pas moins curieux lui aussi du rapport à la musique. A ce point même que l’on pourrait dire qu’aux 35 Improvisations de Kandinsky, datées 1909-13, font écho les 15 variations sur un même thème de Max Bill, suite de 16 lithographies datée 1935-38. C’est en explorant les nombreuses déformations possibles d’une forme initiale que l’artiste met au point sa « méthode des variations », directement issue de la musique. On sait la formidable fortune critique que ce genre de modalité plastique a connu par la suite, notamment dans les années 50-60. Rien d’étonnant à ce que l’Espace de l’Art concret ait souhaité réactiver une telle préoccupation. Une façon de rendre hommage à Max Bill en réunissant les œuvres d’une douzaine d’artistes – dont Josef Albers, Aurélie Nemours, François Morellet... – et d’y associer judicieusement John Cage, dont l’œuvre musicale n’opère pas ici en caution mais en parfaite intelligence d’une même préoccupation créatrice.

- MOUANS-SARTOUX, Espace de l’Art concret, château de Mouans-Sartoux, tél. 04 93 75 71 50, 24 mars-16 juin.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°536 du 1 mai 2002, avec le titre suivant : Variations plastiques et sonores

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