Van Dongen, le fauve apprivoisé

L'ŒIL

Le 1 septembre 2004 - 265 mots

Artiste « maudit » à ses débuts, devenu portraitiste mondain, Van Dongen redevient maudit après guerre, cette fois pour de bonnes raisons : une attitude peu glorieuse pendant l’occupation et notamment sa participation au voyage organisé par Goebbels en Allemagne, en compagnie notamment de Vlaminck, Despiau, Belmondo, Segonzac. Né à Rotterdam en 1877 dans un milieu bourgeois, Van Dongen s’inscrit en 1894 à l’Académie des beaux-arts et adopte la posture du fils de famille rebelle. Arrivé à Paris en 1897, il habite Montmartre, fréquente les cercles anarchistes et commence à travailler comme dessinateur pour des journaux satiriques dans la veine de Steinlen et Villon. Ses premiers tableaux, d’inspiration postimpressionniste sont éclectiques, empruntent tantôt à Van Gogh, à Signac à Toulouse-Lautrec ou à Bonnard. C’est au Salon d’automne de 1905 que rugit pour la première fois ce jeune fauve étranger. Van Dongen s’installe au Bateau-Lavoir, fréquente la « bande à Picasso », la bohème montmartroise. La virtuosité du trait, la palette éclatante, des sujets parfois sulfureux, font de lui un peintre charnière entre le fauvisme et l’expressionnisme allemand avec lequel il noue des contacts. Pourtant des emprunts multiples et variés trahissent une personnalité indécise, opportuniste et quelque peu superficielle.
La Première Guerre mondiale puis l’abandon de sa famille en 1918 pour une mondaine arriviste ont eu raison de l’artiste d’avant-garde et Van Dongen devient un portraitiste mondain. Le rebelle s’est fait marlou et le fauve matou.

« Van Dongen, du nord et du sud », LODÈVE (34), musée de Lodève, square Georges Auric, tél. 04 67 88 86 10, 26 juin-31 octobre, cat. 262 p., 50 euros.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°561 du 1 septembre 2004, avec le titre suivant : Van Dongen, le fauve apprivoisé

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque