XIXe siècle

Une maison de poupée

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 8 avril 2014 - 410 mots

Artiste majeur de la culture suédoise, Carl Larsson, chroniqueur visuel de son environnement proche, est mis en valeur au Petit Palais, à Paris.

PARIS - Par son influence durable sur l’identité esthétique suédoise, l’artiste Carl Larsson (1853-1919) est à la Suède ce qu’Ikea est devenu pour le reste du monde. Chacun à leur échelle, ils partagent une vision apaisée de la vie quotidienne et familiale, un esthétisme séduisant, gai et coloré, et un sens fonctionnel très moderne de la décoration intérieure. Faut-il s’étonner que le géant du meuble en kit bon marché, qui revendique cette filiation, soit le mécène de l’exposition que le Petit Palais consacre à Carl Larsson ? La comparaison (facile) a bien entendu ses limites. Si l’artiste a nourri des ambitions de peintre d’hstoire, communes chez les artistes européens de la seconde moitié du XIXe siècle, Larsson n’avait pas en tête la domination commerciale du monde artistique. L’artiste a atteint la consécration sans stratégie aucune, en se concentrant sur son univers familial.

Pour la première présentation officielle au public français d’un artiste aussi indissociable de la culture suédoise, le Petit Palais propose un condensé de cette carrière atypique. Illustrateur de presse et d’ouvrages littéraires très apprécié à Stockholm, Larsson part se perfectionner à Paris à la fin des années 1870. Après avoir essuyé plusieurs échecs au Salon, le peintre s’installe à Grez-sur-Loing, non loin de Fontainebleau, au sein de la communauté d’artistes scandinaves. Suivant la coutume locale, il se met à dépeindre son environnement proche, la simplicité du quotidien rural, et adopte l’aquarelle. L’influence naturaliste d’un Bastien-Lepage, associée à son talent de « reporter d’images », dresse les prémices d’un style identifiable entre tous.

De retour en Suède, heureux mari et père d’une famille nombreuse, Larsson trouve dans la douceur du foyer (dont il a été privé enfant) une source d’inspiration inépuisable. En témoignent les séries d’aquarelles de l’album Notre maison, paru en 1899, ou Les Larsson (1899). L’ironie de l’histoire veut que son succès, obtenu grâce à la reproduction et à la diffusion intensives de ces images, débouche sur des commandes de fresques monumentales, parmi lesquelles celle du Nationalmuseum de Stockholm.

Bénéficiant d’un accrochage impeccable et d’une scénographie savamment dosée évoquant l’œuvre d’art totale qu’est la maison familiale de Sundborn (Dalécarlie), décorée en grande partie par son épouse Karin, l’exposition du Petit Palais offre un contrepoint intimiste et discret à « Paris 1900 », l’effervescente grand-messe sur l’Exposition universelle qui vient d’ouvrir ses portes au musée.

Carl Larsson, l’imagier de la Suède

Jusqu’au 7 juin, Petit Palais, musée des beaux-arts de la Ville de Paris, av. Winston-Churchill, 75008 Paris
tél. 01 53 43 40 00
www.petitpalais.paris.fr
tlj sauf lundi et jours fériés 10h-18h, jeudi jusqu’à 20h. Catalogue, éd. Paris Musées, 192 p., 30 €.

Légende Photo :
Carl Larsson, La chambre de Papa, 1894-1896, aquarelle pour l’album Notre Maison, Nationalmuseum, Stockholm. © Nationalmuseum Stockholm.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°411 du 11 avril 2014, avec le titre suivant : Une maison de poupée

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