Une inflation ne fait pas le « Printemps »

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 23 septembre 2009 - 360 mots

Toulouse voit grand pour sa nouvelle édition du Printemps de septembre, car de vingt-trois lieux d’exposition, le festival est passé à trente-trois, tant dans la Ville rose que dans la région.

L’événement prend donc de l’ampleur sous l’impulsion de son commissaire Christian Bernard, en charge de la programmation depuis l’an dernier. Toujours friand de titres elliptiques, après l’étrange « Là où je vais, je suis », il chapeaute les expositions du sibyllin « Là où je suis n’existe pas ». Une édition non thématique donc, qui s’architecture sur l’idée élastique du subjectif. Postulé comme moins sombre que l’édition dernière, très inégal, le présent opus entend affirmer une continuité dans la rupture. Christian Bernard y renouvelle ses amitiés, tantôt à Sylvie Fleury au muséum d’Histoire naturelle, tantôt à Pierre Vadi au Château d’eau, tout en ménageant de nouvelles rencontres. On attendra notamment les élucubrations architecturales prismatiques de Tobias Putrih, concepteur de lieux de projections fantastiques, mais aussi l’univers pictural pop-rock mâtiné de littérature gothique américaine et de peinture de paysage classique des frères Quistrebert à l’espace Écureuil. Au centre de ces univers hétéroclites, le dessin se révèle la pratique maîtresse de nombre d’invités et la dimension plus intime qui devrait régner sur le Printemps. Pour preuve l’univers proliférant au style automatique du tandem réuni au centre d’art de Colomiers, Abdelkader Benchamma et Chourouk Hriech, ou encore le trait folk de l’Américaine Amy O’Neill, une chouchoute de Christian Bernard. Un tel médium permettrait ainsi plus aisément de désamorcer l’emphase spectaculaire qui prévaut habituellement à ce type d’exercice événementiel selon le commissaire. Mais il sait aussi doser les effets en programmant l’étrange et prégnant univers des dépouilles animales précieuses et dramatiques de Berlinde de Bruyckere, judicieusement hébergée dans le réfectoire des Jacobins, joyau médiéval toulousain. Bref, le programme est copieux – trop peut-être ? –, panachant grands noms et nombreuses découvertes, ménageant des dialogues improbables, de l’espace urbain aux galeries privées, du centre culturel Albin Minville à l’association Lieu commun. Reste à savoir si le mystérieux intitulé saura réserver une meilleure cohérence que l’an dernier à ce parcours exponentiel.

Printemps de septembre, trente-trois lieux d’exposition à Toulouse (31), www.printempsdeseptembre.com, jusqu’au 18 octobre 2009.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°617 du 1 octobre 2009, avec le titre suivant : Une inflation ne fait pas le « Printemps »

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