Une donation panoramique

Le Surréalisme belge sous toutes ses coutures

Le Journal des Arts

Le 1 septembre 1996 - 496 mots

La donation de Louis Scutenaire et d’Irène Hamoir aux Musées royaux des beaux-arts de Belgique est l’occasion d’un inventaire, pour le meilleur et pour le pire, du Surréalisme belge.

BRUXELLES (de notre correspondant) - Pour leur exposition an­nuelle, les Musées royaux des beaux-arts de Belgique livrent au public une sélection parmi les quelque 300 pièces de la donation de Louis Scu­tenaire, mort en 1987, et de son épouse Irène Hamoir, décédée en 1994. Après avoir rencontré Ma­gritte et Mesens dès 1927, Scute­naire collaborera aux revues Dis­tances et Documents 34, ainsi qu’au Bulletin international du Surréalisme et à son éphémère rapprochement avec la centrale surréaliste parisienne. Au cœur de la mouvance surréaliste bruxelloise, le couple ouvre largement ses portes à tous ceux qui suivent, ne serait-ce qu’un moment, la voie du Surréalisme.

Un hommage sans sélection
Romancier de qualité, Scutenaire restera surtout dans les annales comme un critique privilégié du Surréalisme belge. Sa collection retrace l’histoire du mouvement. Magritte y occupe une position prépondérante avec 23 peintures, 26 gouaches, un nombre important de dessins ainsi qu’une bouteille peinte et une sculpture. L’ensemble permet de suivre l’évolution du peintre de 1927 à 1958, et offre aux Musées royaux un complément à leur propre collection avec des œuvres aussi importantes que le Portrait de Nougé ou Découverte. Parti­culiè­rement bien représentée, la "période vache" de Magritte est l’occasion de saisir les liens étroits qui uniront le peintre à l’écrivain. En 1948, Scutenaire préfacera le catalogue de l’exposition parisienne de Magritte à la galerie du Faubourg. Le texte, intitulé Les pieds dans le plat, reste l’un des meilleurs moments littéraires de Scutenaire, en même temps que la profession de foi "vache" d’un Surréa­lisme belge émancipé de Paris.

Mais l’essentiel ne réside pas dans cette avant-rétrospective Magritte, d’ores et déjà programmée pour 1998. Dans leur maison de la rue de Luzerne, les Scu­tenaire ont accueilli tout le monde et n’importe qui. À côté des Me­sens, Mariën, Gra­verol, Willems, Ubac, Simon et autres Alechinsky, on retrouve aussi des personnalités mineures, tels Eemans, Bossut ou Delcol. D’où cet hommage en forme de fourre-tout qui n’a pas sélectionné le bon grain de l’ivraie pour conserver la diversité de l’activité des Scutenaire, faite de richesses et d’errements.

La trop épaisse monographie de près 560 pages qui accompagne l’exposition fatigue par sa lourdeur documentaire et par la gratuité de certaines notices. Le musée s’est privé d’écrire cette histoire du Surréalisme belge qui fait toujours défaut. On appréciera par contre l’esprit d’ouverture qui permet de retrouver au sommaire des spécialistes du Surréalisme en Belgique, comme Robert Wangermée, Christian Bussy ou Xavier Canonne. La contribution de Frans de Haes permet par ailleurs de retrouver Scutenaire sur son terrain d’origine : l’écriture.

CE QUI EST ATTIRANT EST BEAU. IRÈNE, SCUTENAIRE, MAGRITTE AND CO., du 13 septembre au 15 décembre, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles. Tlj sauf lundi 10h-13h et 14h-17h. Entrée 80 et 150 FB. Catalogue édité par les Musées royaux des beaux-arts. Informations au (02) 508 33 50.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°28 du 1 septembre 1996, avec le titre suivant : Une donation panoramique

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque