Art moderne

XXE SIÈCLE

Une Bretagne méconnue

Par Francine Guillou · Le Journal des Arts

Le 20 septembre 2017 - 472 mots

Après avoir interrogé la modernité de l’art breton du XIXe siècle, le Musée de Pont-Aven se penche sur l’entre-deux-guerres et expose des artistes locaux peu connus, offrant une vision inédite de la région.

Pont-Aven (Finistère). « La modernité en Bretagne » ouvre son second volet au Musée de Pont-Aven. Dans sa première partie (lire le JdA no 475, 17 mars 2017), le musée breton avait capitalisé sur certains grands noms (Monet, Boudin, Signac). Cette fois-ci, les artistes présentés sont pour la plupart d’entre eux des inconnus du grand public, à l’exception notable de Mathurin Méheut (1882-1956), revenu sous la lumière au détour d’une grande exposition au Musée de la marine à Paris en 2013.

Forts d’un large réseau de collectionneurs, Estelle Guille des Buttes-Fresneau, directrice du musée, et son commissaire associé Hervé Duval, fin connaisseur des artistes de la région, ont pu choisir les toiles les plus accordées au propos. Au total, 111 œuvres, dont 95 issues de collections particulières, dépeignent une certaine conception de l’art et de la Bretagne.

L’exposition ouvre sur Jean-Julien Lemordant (1878-1968) : en prenant Le Grand Pardon à Saint-Guénolé pour ses supports de communication, le musée a choisi une œuvre énigmatique. Aussi titrée La Révolte des sardinières ou Le Mont de la révolte, la toile reste énigmatique. Une foule en habits bretons lutte contre le vent sur un chemin escarpé à flanc de falaise. Fête religieuse ou révolte populaire, le mystère plane sur une représentation ne donnant pas dans le folklore.

Cela pourrait être le fil rouge de l’exposition : comment représenter des particularismes régionaux, qui resurgissent après la Première Guerre mondiale, tout en intégrant les recherches plastiques et esthétiques qui foisonnent durant cette même période ? Les 21 artistes exposés offrent 21 réponses différentes.

Jean-Georges Cornelius (1880-1963) utilise un trait fort et énergique, empli d’un mysticisme rappelant Moebius, Ernest Guerin (1887-1952) se lance dans des miniatures évoquant l’art religieux des écoles du Nord, René-Yves Creston (1898-1964) choisit la force et la monumentalité pour représenter des femmes à l’ouvrage lors du ramassage des huîtres.
 

Petits peintres à connaître

Les peintres se font les reporters d’une manière de vivre sur le point de disparaître. René-Yves Creston et son épouse créent en 1923 le groupe des Seiz Breur (« sept frères ») pour élaborer un pavillon de la Bretagne lors de l’Expo internationale de 1925. Pour « “faire plus breton”, trop d’artistes se sont crus obligés d’explorer la “matière pittoresque” de Bretagne. […] Or, leurs œuvres n’en furent pas plus bretonnes pour cela. Elles ont manqué d’âme et d’esprit breton », écrira Creston en 1942.

La dernière séquence est consacrée à Mathurin Méheut et à la diversité de ses recherches artistiques autour du monde de la mer et du travail portuaire. Le Musée de Pont-Aven réussit son pari : nous faire découvrir des « petits » peintres sur lesquels il reste encore beaucoup à écrire.

 

 

La modernité en Bretagne 2, de Jean-Julien Mordant à Mathurin Meheut (192O-1940),
jusqu’au 7 janvier 2018, Musée de Pont-Aven, place Julia, 29930 Pont-Aven.

 

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°485 du 22 septembre 2017, avec le titre suivant : Une Bretagne méconnue

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