Peinture XVIIIe

Un XVIIIe siècle méconnu au Petit Palais

Par Carole Blumenfeld · Le Journal des Arts

Le 26 avril 2017 - 501 mots

Le rassemblement d’une grande variété de peintures issues des églises parisiennes par le Petit Palais fait redécouvrir
des chefs-d’œuvres délaissés du XVIIIe.

PARIS - Le Petit Palais présente « Le Baroque des Lumières. Chefs-d’œuvre des églises parisiennes au XVIIIe siècle », cinq ans après « Les Couleurs du ciel. Peintures des églises de Paris au XVIIe siècle » (Musée Carnavalet, 2012-2013). Ces expositions ont permis de restaurer entre 70 et 80 œuvres et elles couronnent un énorme travail de recherche sur le patrimoine des églises parisiennes, saisi à la Révolution. Certains ensembles ont alors disparu, tel le décor peint par Natoire pour la chapelle des Enfants-trouvés à l’Hôtel-Dieu, évoqué ici grâce à la scénographie, quelques-uns sont encore in situ à Saint-Roch ou à Notre-Dame-des-Victoires, où le public est invité à poursuivre le parcours. Mais la grande majorité des tableaux ont été soit vendus, soit raccrochés dans des musées ou dans d’autres églises, à Paris ou en province. Jusqu’en 1974 par exemple, l’extraordinaire Christ en croix de David, aujourd’hui à la cathédrale de Mâcon, avait perdu son attribution et sa provenance, la chapelle de Noailles au couvent des Capucines.

L’exposition est donc une première, d’autant que ces œuvres ne sont pas reproduites dans les manuels  et ont, pour certaines, échappé à l’histoire de l’art, jusqu’aux récentes monographies de Jean-François de Troy, Jean-Baptiste Marie Pierre, Jean Restout et bientôt Joseph-Benoit Suvée publiées par Arthena. Le titre même choisi par Christophe Leribault, à la tête du Petit Palais, est audacieux et un peu provocateur, puisque le terme « baroque » est souvent réservé en France au XVIIe siècle. Il s’en explique :  « L’intention est bien de souligner la persistance de ce grand genre religieux et déclamatoire qui met l’efficacité narrative, l’art de la composition et la splendeur du coloris au service d’un idéal religieux. » Les solutions rhétoriques mises en place sont d’ailleurs assez singulières, comme le prouvent le grand paysage du Saint François méditant dans la solitude de Jean-Baptiste Marie Pierre (église Saint-Pierre-du-Gros-Caillou) ou la grotte qui logeait le Christ en croix dans la chapelle du Calvaire de Lépicié à Saint-Roch, dont témoigne une réplique (Musée Carnavalet). Le parcours imaginé par Véronique Dollfuss rend bien compte de la théâtralité avec laquelle ces moyens et grands formats étaient présentés au public, dans les seuls lieux ouverts en permanence à tous dans le Paris du XVIIIe siècle. Surtout, Christophe Leribault insiste sur ce point : cette peinture témoigne d’une profonde évolution de la liturgie et d’un rapprochement avec les fidèles.
Les projets du Musée Carnavalet et du Petit Palais, conduits main dans la main, avec la COARC (Conservation des œuvres d’art religieuses et civiles de la Ville de Paris) participent pleinement à la valorisation de ce patrimoine. Guillaume Kazerouni, qui a commencé à publier ses premières découvertes dans les églises parisiennes dès 2008 et qui a, à son actif, une vingtaine de réattributions, reconnaît qu’« en dix ans, la situation a beaucoup changé. Le plus grand bénéfice de ces manifestations est la vague de restaurations certes, mais elles permettent surtout d’attirer enfin l’attention du public sur ces lieux d’exception qui réservent bien des surprises ».  

Le baroque des Lumières, chefs-d'oeuvres de églises parisiennes du XVIIIe siècle
Paris, Petit Palais. Musée des beaux-arts de la Ville de Paris, 21 mars-16 juillet.

Légende Photo
Jean Restout, Saint Pierre en prière, 1728, huile sur toile, église Saint-Jacques-du-Haut-Pas (COARC), Paris. © Ville de Paris – COARC – Christophe Fouin.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°478 du 28 avril 2017, avec le titre suivant : Un XVIIIe siècle méconnu au Petit Palais

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