Un tour des galeries (II)

L'actualité de l'art contemporain

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1996 - 1444 mots

LONDRES : JANNIS KOUNELLIS S’ENFLAMME

Du 16 juillet au 14 septembre, Gerard Faggionato présente "Floor piece", une exposition de sculptures de Carl Andre, Pino Pascali, Tony Smith et Jannis Kounellis, qui a choisi d’écrire son nom en lettres d’acier perforé éclairées par des brûleurs à gaz.
Alan Cristea propose jusqu’au 13 juillet un bel ensemble de cinquante eaux-fortes d’Henri Matisse. L’exposition s’ouvre sur la toute première eau-forte exécutée par Matisse entre 1900 et 1903 et se clôt sur un portrait de femme rarissime, datant de 1937, dont il n’existe que six exemplaires.

Ford Escort du West End
Tout l’espace de la Lisson Gallery est occupé jusqu’au 13 juillet par des peintures et des sculptures réalisées par Julian Opie sur le thème du voyage.
Chaque œuvre part d’une réalité spécifique – une Ford Escort stationnée dans le West End, des arbres dans les environs de Rome… – dont l’image est retravaillée à l’aide de la photographie, de l’informatique ou de techniques plus traditionnelles. Les images obtenues sont en deux ou trois dimensions ; elles sont peintes directement sur le mur, s’animent sur des écrans d’ordinateur ou enveloppent des boîtes en bois.
Jusqu’au 3 août, Karsten Schubert présente la première exposition personnelle de Dan Flavin à Londres depuis 1990. L’installation regroupe cinq grandes compositions horizontales composées de trois néons que seules quelques variantes dans les cinq couleurs utilisées – rose, vert, bleu, rouge et jaune – viennent animer.

Déconstruction psychologique
La galerie Marlborough propose jusqu’au 31 août les œuvres de huit artistes espagnols contemporains, tous diplômés de l’Academia de Bellas Artes de San Fernando à Madrid. Ce panorama du mouvement réaliste espagnol est illustré par la prédilection d’Amalia Avia pour les coins de rues, métaphores de l’isolation urbaine, les toiles intimistes d’Antonio López Garcia, celles colorées et optimistes de María Moreno, le souci du détail et de la précision chez Isabel Quintanilla, les sculptures de Francisco López Hernández et la déconstruction psychologique du portrait humain dans l’œuvre de son frère Julio López Hernandez, la fusion de l’homme et de la nature dans les travaux de José María Mezquita, et les émouvants portraits de Daniel Quintero.
Jusqu’au 5 septembre, la galerie Beaux Arts offre un spectacle toujours renouvelé avec son exposition "Artists of Fame and Promise" qui mêle jeunes talents – Philip Harris, Nicholas Jolly, Ricardo Cinalli, puis Gavin Lockheart et Oliver Marsden à partir du 17 juillet – et maîtres britanniques du XXe siècle – Adams, Aitchison, Bellany, Chadwick, Frink, Hepworth, Heron, Herman, Hilton, Hockney, Lanyon, Moore, Nolan, Piper, Pasmore, Sutherland, Scott et Vaughan.
Annely Juda Fine Art expose jusqu’au 14 septembre un choix de peintures, dessins et sculptures des années vingt de l’artiste suisse Max Bill, qui étudia au Bauhaus à Dessau, et de son ami belge Georges Vantongerloo, qui fut le plus jeune artiste du mouvement De Stijl et l’un des membres fondateurs du groupe Abstraction-Création au début des années trente.
   
NEW YORK : LES PIEDS DANS L’EAU

Comme chaque été, plusieurs galeries new-yorkaises organisent des expositions collectives à un thème précis : cette année, les bains de mer, le voyage et l’échange sont à l’honneur. Du 10 juillet au 30 août, James & Graham & Sons explore les profondeurs des mers avec "Water", qui rassemble des œuvres d’artistes tels que Jennifer Bartlett, Vija Celmins, Joellyn Duesburry, April Gornik, Stephen Hannock, Reeve Schley et Meg Webster. "Nous présenterons, explique Valerie MacKenzie, responsable de l’art contemporain, des vues de la côte, des œuvres illustrant le plaisir d’être en mer et d’autres traitant du problème des déchets rejetés sur le rivage".
Bartlett, Celmins et Gornik participent également à l’exposition "By The Sea" (Au bord de la mer) à la Fotouhi Cramer Gallery, jusqu’au 27 juillet. L’exposition, qui a déjà été présentée dans l’annexe d’East Hampton, comprend également des œuvres de Lois Dodd, Steven Lack, Billy Sullivan et Helen Miranda Wilson.
La galerie Hirschl & Adler propose de son côté l’exposition "Going Places : Images of Travel and Transport", du 8 juillet au 16 août. Quarante-cinq peintures, dessins et gravures d’artistes américains et européens, du XIXe siècle jusqu’à nos jours, illustrent le thème du voyage : James Bard, Eugène Boudin, Thomas Chambers, Paul Helleu, William Stanley Haseltine, Edward Hopper, John Marin, Frits Thaulow, Henry Walton…
Du 9 juillet au 16 août, la Monique Knowlton Gallery réunira, sous le titre "Splash" (Éclaboussures), des peintures, des photographies et des sculptures d’un groupe d’artistes comprenant Christina Bothwell, Nancy Bowen, Tony Fitzpatrick et Jaime Palacios.
Basilico Fine Arts propose, jusqu’au 2 août, "Can We Talk ? A Forum on Dialogue", qui regroupe différents projets "visuels, écrits, filmés, sonores" conçus notamment par Rirkrit Tiravanija, Toland Grinnell, Matthew Drutt, Clegg & Guttmann, Dike Blair et Laura Stein.
La galerie Jan Krugier prolonge jusqu’au 19 juillet l’exposition "Alone with Picasso : Photographs by David Douglas Duncan and Works by Picasso in All Media". Des œuvres originales de Picasso, dont la plupart proviennent de la collection Marina Picasso, côtoient des photographies prises dans les années cinquante et soixante dans l’atelier de sa villa La Californie à Cannes.
Sous un titre accrocheur, "Ame­rica’s Most Wanted", la Fischbach Gallery présente jusqu’au 23 août une sélection d’œuvres récentes de la vingtaine d’artistes qu’elle représente : Leigh Behnke, Nell Blaine, Lois Dodd, Billy Sullivan, Jane WilsonLaurent de Brunhoff expose ses aquarelles à la Mary Ryan Gallery jusqu’au 26 juillet. Programmé chez Knoedler & Company pendant tout l’été, "Different Sides" (De tous côtés) rassemble différents dessins, photographies, gravures, peintures, sculptures et films de Nancy Grave, David Smith, Richard Pousette-Dart, Donald Sultan, Adolph Gottlieb, Glenn Goldberg, John Walker, Helen Frankenthaler, Herbert Ferber, Michael David, Caio Fonseca, John Duff, Michael Heizer et Frank Stella, qui exposera une maquette architecturale, The Gatehouse (Le pavillon de garde), avec une série de peintures Polish Village (Village polonais).


ITALIE : JOSEPH CORNELL MIS EN BOÎTE À MILAN

Milan
La galerie Karsten Greve présente jusqu’au 3 août une exposition d’œuvres de l’artiste américain Joseph Cornell, intitulée "Boîtes et constructions". En 1953, Robert Motherwell décrivait ces célèbres "boîtes" et leur contenu comme des "ballerines et gens de théâtres, une ville étrangère, Tom Pouce, Greta Garbo, Mallarmé, Chaplin, enfants perdus, cartes du ciel, verres de vin, pipe, tapis, bleu indigo et blanc lait, lamé argent, trésors, boutons, minéraux vibrants de couleurs, balles de bois, cerceaux, an­neaux…" Sur­réaliste "non officiel", comme il aimait à le préciser, Joseph Cornell, disparu en 1972, est aujourd’hui considéré comme un précurseur du Pop art mais aussi de tout l’Art objectal.
Le photographe américain Joël-Peter Witkin, célèbre en Italie depuis l’exposition personnelle que lui a consacré l’année dernière le Castello di Rivoli, continue d’exposer 32 grands formats au Palazzo Bagatti Valsecchi, jusqu’au 7 juillet, et propose son Cirque Barnum et ses freaks jusqu’à la mi-juillet chez Photology.
C’est une étape historique que propose la galerie Blu jusqu’au 13 juillet, avec une sélection de 26 œuvres de Kurt Schwitters des années 1918 à 1947, qui illustrent son approche du Dadaïsme. Le Studio d’Arte Cannaviello reste fidèle au Néoexpressionnisme et à l’Actionnisme allemand dont il a été le premier défenseur en Italie, avec une exposition personnelle de 24 œuvres sur papier de Gunter Brus, fondateur de l’Actionnisme viennois, sur le thème du fabuleux et du fantastique (jusqu’au 30 septembre). Enfin, "Le Carnaval des Animaux" rassemble jusqu’au 15 juillet des œuvres récentes de Daniel Spoerri à la Fondation Mudima.

Turin
La galerie Tucci Russo propose jusqu’au 29 septembre une exposition consacrée aux œuvres récentes de Jan Vercruysse. Deux chaises stylisées, l’une en verre bleu-vert couchée sur un lit de billes colorées, et l’autre en métal opaque hissée sur de minces lames de verre, ont été réalisées spécialement aux dimensions de l’espace qui les accueille.

Bologne
La confrontation de l’œuvre de deux graveurs se poursuit à la galerie De’ Foscherari pendant tout le mois de juillet : d’une part, une centaine de feuilles de Max Klinger, dont la célèbre suite "Le gant", de l’autre, un artiste bolonais disparu, Luciano De Vita, qui a tiré une grande partie de son inspiration du Symbolisme et des œuvres du Goya "noir".

Rome
Jusqu’au 15 juillet, la Galleria Giulia présente des panneaux du métro new-yorkais sur lesquels Keith Haring a exécuté ses premiers dessins et tags. La Galleria Campo dei Fiori propose, jusqu’au 31 juillet, "Du Divisionnisme à l’École romaine", une collection d’œuvres qui témoignent des recherches artistiques des artistes romains dans la première moitié du XXe siècle : de Giulio Aristide Sartorio, Innocenti, Soadini et Noci au "retour à l’ordre" des œuvres néoclassiques de l’École romaine des années trente.

Naples
Trois vidéos réalisées par Gary Hill en 1993 et 1994 sont visibles à la galerie Lia Rumma jusqu’au 31 juillet. Près de Naples, à Pozzuoli, la galerie Alfonso Artiaco présente, jusqu’au 31 juillet, quatre wall-drawings exécutés par David Tremlett. 

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : Un tour des galeries (II)

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