Un regard élargi sur Robert Doisneau

La lecture renouvelée annoncée au Musée Maillol par ses commissaires tient ses promesses. Le travail mené dans les archives par Isabelle Benoit, commissaire de l’exposition, de concert avec les filles de Robert Doisneau (1912-1994), dresse un panorama réjouissant tant par le propos – la sélection de photographies et de documents – que par leur articulation fine, offrant régulièrement à découvrir des images et archives inédites, ou rarement montrées, comme les maquettes de livres, les collages et la maquette de l’atelier de Doisneau réalisée par sa petite-fille, Sonia, un an après sa mort. Le développement non chronologique, mais par thème, éclaire les axes structurants de l’œuvre. Certains sont connus tels que l’enfance, les banlieues (1943-1984), les bistrots, les ateliers d’artistes, les écrivains ou les années Vogue, d’autres beaucoup moins comme son travail publicitaire, de collages ou celui fait chez Renault quand il est employé, avant la guerre, au service photo et pour lequel il réalise ensuite des commandes, ou encore ses liens d’amitié avec le propriétaire de l’agence photographique Rapho. Une large place est aussi donnée au monde ouvrier et à l’industrie. Si le noir et blanc domine, la photographie couleur est présente. « Les journées paraissent courtes à l’enfant qui folâtre dans la rue pleine de trouvailles possibles, parfois de mystères qui font un peu peur. » Cette phrase de Robert Doisneau, mise en exergue dès la première salle, pourrait se rapporter à celui dont le regard touche par sa sensibilité et son attachement indéfectible au milieu populaire.