Londres (Royaume-Uni)

Un instantané de la photographie

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 18 mai 2012 - 355 mots

Après les scènes nationales (britannique, allemande, indienne), la collection Saatchi s’intéresse aux médiums artistiques. Et c’est par la photographie, qu’elle n’a étonnamment jamais vraiment montrée, qu’elle commence en essayant de recenser les différentes pratiques photographiques observées ces toutes dernières années.

Sur le résultat, le titre de l’exposition est on ne peut plus explicite : « Out of Focus », qui signifie littéralement « flou », tant il semble vain de chercher une quelconque tendance parmi les photographies ultracontemporaines exposées. Car, dans le concert des pratiques photographiques, montages, collages et installations voisinent avec des approches sans véritable savoir-faire, anecdotiques ou tout simplement grandioses. Et l’exposition se garde bien de trancher, comme elle n’opère pas de distinction entre les « purs » photographes et les plasticiens.

Tant pis, ou tant mieux. Le principe privilégié est celui de grandes salles impeccablement éclairées pour présenter des ensembles monographiques ou des confrontations ne dépassant pas deux ou trois artistes. Ni suite thématique ni propos très fouillé donc, mais un instantané bien senti de la scène photographique la plus actuelle qui offre de belles découvertes comme Katy Grannan. Celle-ci présente une vingtaine de ses grands portraits saisissants de vieux marginaux et travestis déchus. Tous se sont apprêtés pour l’occasion, une attention délicate qui les rend encore plus pathétiques… La série est forte, à l’instar des portraits réalisés par Pinar Yolaçan de femmes d’un âge vénérable vêtues de costumes de tripes étrangement élégants. Si le résultat est très « Saatchi », trash et british, il est aussi très bon, bien meilleur en tout cas que les montages-collages d’Olaf
Breuning ou les photos porno-rigolo d’A. L. Steiner.
Ailleurs, la photographie se fait plus policée lorsque Chris Levine portraiture la reine Elizabeth les yeux clos [voir la couverture de L’œil], plus conceptuelle lorsque John Stezaker – né en 1949, il est le doyen de l’expo – colle des photos de paysages sur des visages. Il en ressort une impression d’éclectisme dans une pratique dépourvue de dogmes, sourde à la crise du numérique. La photo se cherche, mais elle va bien. C’est certain. 

« Out of Focus », Saatchi Gallery, King’s Road, Londres (Royaume-Uni), www.saatchi-gallery.co.uk

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°647 du 1 juin 2012, avec le titre suivant : Un instantané de la photographie

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