Art contemporain

Paris-19e

Un hommage pop aux réalités alternatives

Centquatre – Jusqu’au 11 janvier 2026

Par Stéphanie Lemoine · L'ŒIL

Le 25 novembre 2025 - 325 mots

Art Contemporain -  Alors que la déferlante des intelligences artificielles (IA) génératives, la polarisation du débat et la manipulation des images sur Internet soulèvent toutes les craintes, Némo, la Biennale internationale des arts numériques en Île-de-France, opte pour le contre-pied.

À rebours du pessimisme ambiant, sa thématique, « Les illusions retrouvées », suggère que les technologies offrent aussi quelques raisons d’espérer, et qu’elles pourraient même nous dessiner un horizon désirable. Au Centquatre, l’exposition phare de la Biennale tempère ainsi sa veine technocritique pour déployer un corpus d’œuvres souvent accrocheuses, volontiers optimistes. Sous le patronage de Margaret Cavendish, autrice au XVIIe siècle du Monde glorieux, que certains considèrent comme le premier roman de science-fiction, « Les illusions retrouvées » déroule un parcours, hélas peu lisible, où il est d’abord question de « mondes nouveaux » et de « renaissances »… Décidément partout l’IA s’y révèle une alliée pour régénérer le vivant ou reconfigurer le passé. Avec elle, Marylin ressuscite en héroïne de film d’espionnage (Duck de Rachel MacLean, 2024), les portraits du Louvre entonnent en chœur Eminem ou IAM (Le Mégamix du Louvre-Lens des créateurs d’Inook, 2024-2025) et le déclin de la biodiversité se retourne en création de chimères acidulées. L’exposition aborde aussi le renouveau des utopies et les promesses de la physique quantique, qu’elle décrit par une série de métaphores (Sensation quantique de Caroline Delétoille, Aurore Young et Céline Boisserie-Lacroix, 2025). Mais c’est quand « Les illusions perdues » sondent le brouillage contemporain du réel, du virtuel et de la fiction qu’elle s’avère la plus convaincante. De l’exposition, on retient surtout l’hommage musical d’Eric Vernhes à Philip K. Dick, sorte d’autel hallucinatoire donnant forme à l’idée maîtresse de l’auteur, selon qui la réalité était issue d’un programme informatique (Meeting Philip, 2024). Ou encore le film Rewild (2025), où Ismaël Joffroy Chandoutis détourne un logiciel de simulation agricole pour en faire un espace de deuil. Le pop cède alors au trouble et à l’émotion, suggérant que la dérobade du réel ouvre aussi sur l’invention de nouveaux rituels.

« Les illusions retrouvées »,
Centquatre, 5, rue Curial, Paris-19e, www.104.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°791 du 1 décembre 2025, avec le titre suivant : Un hommage pop aux réalités alternatives

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