Architecture

Un « hommage » en catimini pour Piano et Rogers

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2018 - 486 mots

Paris. Il aura fallu attendre la toute fin de l’année 2017, soit les ultimes jours de commémoration du quarantenaire du Centre Pompidou, à Paris, pour voir ladite institution célébrer (enfin) ceux qui l’auront matérialisée : les architectes Renzo Piano et Richard Rogers, âgé respectivement de 80 et 84 ans aujourd’hui.

Déployée dans une petite salle du Centre, l’exposition intitulée « Renzo Piano et Richard Rogers » retrace à travers des documents écrits ou graphiques, quelques maquettes, des photographies et deux films, l’histoire de ce bâtiment au programme inédit – musée + bibliothèque publique + centre de création industrielle + institut de recherche musicale –, depuis le concours international lancé en 1971 jusqu’à l’ouverture au public, le 30 janvier 1977. Quatre temps de cette saga sont, en particulier, évoqués sur autant de panneaux rassemblant des coupures de presse de l’époque : le concours, l’étude, le chantier et l’inauguration. « Cathédrale ou raffinerie ? », « Monstre ou chef-d’œuvre ? », titrent les journaux de l’époque. Les mots suffisent à faire comprendre que, tout au long de la gestation du projet, il y aura eu deux camps : ses partisans et ses détracteurs.

Sur une cimaise, le panneau original du rendu du concours décrit explicitement les deux grandes idées directrices : l’une pour l’extérieur, réaliser un édifice de grande hauteur pour dégager, au sol, une place monumentale ; l’autre pour l’intérieur, rejeter en périphérie les circulations verticales et gaines techniques afin de disposer, au centre, d’immenses plateaux flexibles et libérés de tout poteau. Sur les 68 propositions réceptionnées, venues d’une cinquantaine de pays, c’est sans aucun doute ce non-conformisme qu’aura voulu récompenser le jury présidé, alors, par le fameux constructeur Jean Prouvé.

Autre originalité : la couleur. Chaque élément obéit en effet à un « code » inventé pour l’occasion : le rouge pour « ce qui bouge » (ascenseurs…), le jaune pour l’électricité, le bleu pour l’air et le vert pour l’eau.

Un catalogue richement documenté

Si le film documentaire Ballet métallique signé DIMKA (Camera Group) livre, en 1976, des moments de l’ahurissant montage de ce Meccano géant, la vidéo d’une conférence de presse donnée par les deux architectes captée trois ans auparavant est difficilement audible. Et les seules maquettes exposées ne sont pas les dernières du projet : la fameuse « chenille » qui, plus tard, deviendra le signe distinctif du Centre Pompidou et inspirera son célèbre logo n’existe pas encore… Bref, l’« hommage » est un peu maigre pour cette architecture innovante qui a fait d’une « raffinerie » l’un des musées d’art les plus visités au monde. Aussi le visiteur devra-t-il impérativement se plonger dans le catalogue concocté à l’occasion par la Fondazione Renzo Piano. Intitulé Piano + Rogers et richement documenté, il recèle, outre une myriade de photographies, quelques anecdotes croustillantes et un passionnant entretien croisé des deux architectes, recueilli par Lia Piano, fille de Renzo et directrice des programmes éditoriaux de la Fondation.

informations
Renzo Piano et Richard Rogers,
jusqu’au 12 février, Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, 75004 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°493 du 19 janvier 2018, avec le titre suivant : Un « hommage » en catimini pour piano et rogers

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