Paris-4e

Un Beaubourg trop classique

Centre Georges Pompidou Jusqu’en mai 2017

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 26 août 2015 - 312 mots

Coordonné par le directeur du Musée national d’art moderne, Bernard Blistène, l’accrochage des collections couvrant la période 1905-1965 se révèle nettement moins ambitieux que « Modernités plurielles » en 2013-2014 et « Elles » en 2009.

Là où les précédents accrochages proposaient une relecture  de l’histoire de l’art, affirmant la nature parcellaire d’une collection, entamant une réflexion riche sur l’histoire de l’institution, l’accrochage actuel se conforme strictement à l’histoire et s’affiche didactique. Il exerce même un certain conformisme qui aboutit à une succession de salles attendues et d’un sentiment désagréable de redondance.

Certes, Pablo Picasso est une figure incontournable du début du XXe siècle, mais il monopolise trop de salles, tout comme Matisse d’ailleurs. Seule originalité au parti pris, les sections dévolues aux « Passeurs », comprendre ici des historiens, des critiques d’art et des amateurs qui ont accompagné, médiatisé et promu la modernité artistique au XXe siècle. Hélas, les salles et couloirs concédés à Georges Bataille, Blaise Cendrars, Guillaume Apollinaire, Carla Lonzi ou Jean Cocteau sont parfois trop elliptiques pour être convaincants. À l’exception toutefois de celle consacrée à Michel Ragon, critique apparu en 1946 avec un premier texte sur Gaston Chaissac, proche de Dubuffet et féru d’architecture utopique. Cette réussite est peut-être due au supplément d’âme apporté par la contribution directe de Michel Ragon, invité à sélectionner les œuvres et les archives de sa salle.

Après en avoir observé l’accrochage plus chargé, hétéroclite et généreux, la sécheresse rigoriste de l’accrochage « officiel » saute alors d’autant plus aux yeux. Bernard Blistène et son équipe ont assumé un classicisme froid dont la visite se montre moins stimulante. Il faudra attendre de traverser la « rue » principale de l’étage pour croiser des échanges plus féconds, comme ceux opérés entre Fontana, Castellani et Klein dans la salle « Matière-concept ». Faut-il voir un présage d’une nouvelle direction du musée ? Espérons que cette révision des classiques n’est opérée que pour mieux être dépassée.

« Nouvelle présentation des collections modernes, 1905-1965 »

Centre Pompidou, place Georges-Pompidou, Paris-4e, www.centrepompidou.fr

Légende Photo :
Vue de la « salle-dossier » Michel Ragon, au premier plan, une sculpture d'Etienne-Martin © Photo : Philippe Migeat / Centre Pompidou

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°682 du 1 septembre 2015, avec le titre suivant : Un Beaubourg trop classique

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