Rome (Italie)

Un autre regard sur Hantaï

Villa Médicis, Académie de France à Rome - Jusqu’au 11 mai 2014

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 20 mars 2014 - 320 mots

S’il s’est rangé pour un temps des grandes expositions depuis qu’il dirige l’Académie de France à Rome, Éric de Chassey n’a pas pour autant perdu la main.

L’exposition Simon Hantaï (1922-2008) dont il est le commissaire à la Villa Médicis peut avoir pour point de départ la rétrospective du Centre Pompidou en 2013, elle n’a rien d’une reprise : Chassey, qui parle d’un « prolongement romain », y développe un propos original différent à travers une sélection –  exiguïté de l’espace oblige – d’une quarantaine d’œuvres, quand la rétrospective parisienne en présentait cent trente. À Rome, il y a donc des manques et des omissions – volontaires –, mais aussi et surtout des choix – assumés. L’exposition fait par exemple l’impasse sur la période surréaliste d’avant 1955, qui fut l’une des révélations à Paris, mais insiste davantage sur deux toiles majeures, Peinture (écriture rose) et À Galla Placidia, peinte durant les 365 jours de l’année liturgique de 1958-1959, qui prennent tout leur sens à Rome tant le séjour italien de 1948 avait marqué l’artiste. Surtout, l’exposition romaine développe un propos original : la mise en place, puis l’évolution jusqu’à la « disparition » du vocabulaire propre du peintre (la pliure, le grattage et l’écriture), des petites touches de peinture apposées à l’aide d’un morceau de réveille-matin en 1958-1959, au retour de l’écriture sur la toile froissée en réponse à des textes de Jacques Derrida et de Jean-Luc Nancy (1990-2000). La boucle est bouclée. Entre les deux, les Mariales – dont celle, superbe, du Vatican, qui ne fit pas le voyage à Paris – et les Tabulas disent « l’humiliation » que l’artiste a infligée à la peinture. Car, là où le parcours parisien mettait en avant le beau et la couleur chez Hantaï, son « prolongement romain » insiste au contraire sur la ruine du tableau annoncé par le Duchamp effacé (1951-1960) qui clôt l’accrochage. Un propos original, vous dit-on.

« Simon Hantaï »

Villa Médicis, Académie de France à Rome, Viale Trinita dei Monti, Rome (Italie)
www.villamedici.it

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°667 du 1 avril 2014, avec le titre suivant : Un autre regard sur Hantaï

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