Un amour de Surréalisme

Quarante ans de passion au Pavillon des arts

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 1 mars 1997 - 405 mots

Les surréalistes ont longtemps débattu du thème de l’amour, question qui est aujourd’hui au centre de l’exposition du Pavillon des arts. Près de cent cinquante pièces, des années vingt aux années soixante, retracent quêtes de liberté et passions.

PARIS. La notion de l’amour, centrale dans les réflexions des surréalistes, n’a pourtant jamais fait l’objet d’un consensus au sein du groupe, loin de là. Les positions bien connues de Breton ou de Benjamin Perret ne représentent en effet que l’un des aspects de ce sentiment riche pour la connaissance et l’expression, mystérieux par essence, qui fera dire encore aux surréalistes de 1968 : "Il n’y a pas d’amour sans mystère" ou, plus loin, "pas d’amour physique sans métaphysique". Le mouvement fut particulièrement libre, lieu de rencontres éphémères, terreau de réflexions et d’expériences plurielles. Aussi, théoriser l’amour chez les surréalistes aurait-il été un non-sens, heureusement évité par les commissaires de l’exposition. "Le Surréalisme et l’amour" s’articule autour des différents thèmes abordés par les artistes : la rencontre, le couple, les figures féminines, le désir, et "l’amour fou" tel qu’il fut défini par André Breton. Initiatrice d’un nouvel échange, la rencontre tient ainsi une place centrale pour les surréalistes, au premier rang desquels se trouve bien sûr André Breton. Déjà, dans l’article L’Esprit Nouveau publié par l’écrivain en 1922 dans la revue Littérature, était narrée l’entrevue de Breton, d’Aragon, de Derain et de la jeune femme dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés. La "rencontre fortuite…", pour reprendre Lautréamont, divine et grisante surprise, tisse des liens à la fois réels et irréels, à l’image d’Après la pluie, les Amoureux (1925) de Francis Picabia. Ce couple justement, loin de cimenter le groupe, en a éloigné les membres, a créé des tensions et brisé des amitiés. Pourtant, de nombreuses pièces gardent vives encore aujourd’hui ces passions amoureuses, comme Jalon (1938), une œuvre commune de Jean Arp et Sophie Taueber.

L’amour fou
Mais au-delà de ces bons sentiments, les surréalistes ont développé un riche corpus de travaux résolument érotiques, laissant leurs désirs guider librement les traits de leurs crayons et pinceaux. Après un cabinet de dessin tout entier dédié à ce "genre", l’exposition se clôt par une large évocation de "l’amour fou", avec des pièces de Bellmer, Molinier, Miró, Brauner, Dali, Matta ou Masson.

LE SURRÉALISME ET L’AMOUR, 6 mars-18 juin, Pavillon des arts, Les Halles, Porte Rambuteau, tlj sauf lundi, 11h30-18h30, tél. 01 42 33 82 60, catalogue 240 p., 295 F.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°34 du 1 mars 1997, avec le titre suivant : Un amour de Surréalisme

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