Trois choix de la Biennale off

L'ŒIL

Le 1 septembre 1998 - 469 mots

Pendant tout le mois de septembre, la Biennale internationale des Antiquaires et Joailliers (voir notre article sur les collectionneurs et le guide pratique en fin de revue) va attirer à Paris des amateurs du monde entier. Pour offrir un choix encore plus large à cette clientèle fortunée, plusieurs galeries ont organisé des expositions parallèles.
Spécialiste de l’Art Déco, la galerie l’Arc en Seine invite le public à découvrir les créations d’Emilio Terry, avec la reconstitution d’un décor qu’il avait réalisé en 1925 pour Clavary, un château de la Côte d’Azur. Emilio Terry (1890-1969), qui collabora avec Jean-Michel Frank dans les années vingt, était issu d’un milieu très fortuné, et travailla principalement pour ses amis, les locomotives de la vie parisienne. On ne connaît que trente-cinq meubles de sa main, et ceux de Clavary sont exposés ici, avec quelques dessins. Ils sont accompagnés d’une œuvre unique, un arbre en pierre de Jean Cocteau, sculpté pour orner le jardin du château, pour lequel Picasso avait dessiné la mosaïque noire et blanche du hall d’entrée. 
Sous le titre “Trésors des Tsars”, Nicolas et Alexis Kugel, quant à eux, présentent plus de trois cents meubles et objets d’art russes, du XVIIe au XIXe siècle, dont certains proviennent de palais impériaux. Leur pièce la plus spectaculaire est un diamant historique de cinquante-quatre carats, offert par Catherine II au prince Potemkine, et qui a appartenu par la suite à l’impératrice Eugénie. Passé depuis entre les mains de plusieurs particuliers, ce diamant est aujourd’hui à vendre. On peut aussi découvrir de nombreux objets réalisés par les Manufactures impériales, dont les productions ont développé un style spécifiquement russe. Le plus original est un guéridon en verre bleu, monté en bronze doré, exécuté vers 1800. Enfin, Christian Deydier, qui s’est consacré à l’archéologie chinoise, nous entraîne vers les origines de cette civilisation avec des pièces du IIIe millénaire. Son exposition, intitulée “L’art et la matière”, propose un tour d’horizon des divers matériaux utilisés dans la Chine ancienne : jade, laque, verre, bronze, terre cuite, bois, orfèvrerie d’or et d’argent. Les objets les plus anciens sont des disques en jade. Des vases funéraires en bronze remontent aux XIIIe-XIIe siècle avant J.-C. (dynastie Shang), et l’un d’entre eux, de forme “yuo” à patine verte, offre un décor de masques Tao-ti et de dragons. Dans l’orfèvrerie, une de ses pièces majeures, une boucle de ceinture en bronze en forme de tête de tigre, provient du royaume de Dian (province du Yunnan, VIe-IIe siècles avant J.-C.). Parmi la vingtaine de terres cuites (statuettes, coupes, animaux) figure un groupe de trois jeunes femmes debout, émaillées de bleu, marron et crème, selon une technique dite “sancai” – à trois couleurs –, qui s’est developée sous la dynastie Tang ( VIIe-Xe siècles).

Galerie l’Arc en Seine, 16 septembre-28 novembre, Galerie Kugel, 17 septembre-31 octobre et Galerie Christian Deydier, 2 octobre-14 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°499 du 1 septembre 1998, avec le titre suivant : Trois choix de la Biennale off

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