Art contemporain

Coup de cœur

Tout Vieira da Silva

Musée Cantini, Marseille (13) – - Jusqu’au 6 novembre 2022

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 27 septembre 2022 - 406 mots

Rétrospective -  Une grande exposition Vieira da Silva à Marseille, quelle drôle d’idée.

Sauf à se souvenir que l’artiste a séjourné dans la ville avec son mari, Arpad Szenes, en mai 1931, y réalisant dessins et aquarelles qui seront à l’origine de différents tableaux. C’est d’ailleurs l’acquisition, en 2020, de l’une de ces toiles par la municipalité qui est à l’origine du projet d’exposition au Musée Cantini. Peinte en 1931 au retour de l’artiste à Paris, ladite œuvre est intitulée Marseille blanc. Maria Helena Vieira da Silva (1908-1992) y a représenté une imposante – le cycliste représenté à ses pieds paraît bien minuscule – structure blanche sur fond de ciel bleu. De quoi s’agit-il au juste, d’un bâtiment ou d’une immense voile tendue sur armature ? Difficile à dire. Guillaume Theulière, directeur du Musée Cantini et commissaire de l’exposition, y voit la synthèse visuelle de plusieurs motifs qui ont à l’époque impressionné l’artiste, sensibilisée à la modernité par Léger, notamment le pont transbordeur du port (détruit en 1944), les échafaudages partout présents dans la ville – déjà dans les années 1930 ! –, comme l’épaisse blancheur des murs du château d’If. Cette œuvre de jeunesse contient tous les possibles de l’œuvre à venir (son abstraction évocatrice, son ossature, sa musicalité…), et l’on ne peut donc que regretter qu’elle n’ouvre pas l’exposition. Heureusement, ce choix n’entame pas le plaisir de remonter le fil de cette rétrospective chrono-thématique, et de prendre la mesure de l’originalité d’un œuvre trop facilement rangé dans l’Abstraction lyrique quand il faudrait le relire sous l’angle surréaliste, voire science-fictionnel. L’accrochage comprend quelques chefs-d’œuvre prêtés par le Musée national d’art moderne, à l’instar de La Bibliothèque (1966) et du Désastre (1942), qui avait fortement impressionné le peintre et ami Joaquím Torres García. D’une incroyable complexité, ce dernier tableau s’appuie sur La Bataille de San Romano d’Uccello pour représenter le désastre de la guerre alors en cours. À elle seule, cette huile sur toile vaut le déplacement à Marseille ; or elles sont une centaine comme celle-ci, issues des collections publiques et privées françaises et portugaises – l’événement bénéficie du soutien de la Galerie Bucher Jaeger. Que les lecteurs qui ne pourraient pas faire le voyage à Marseille d’ici au 6 novembre se rassurent, « Viera da Silva. L’œil du labyrinthe » prendra ensuite ses quartiers au Musée des beaux-arts de Dijon à partir du 16 décembre. Il n’y aura alors plus aucune excuse pour ceux qui la manqueront.

« Vieira da Silva. L’œil du labyrinthe »,
Musée Cantini, 19, rue Grignan, Marseille (13), musees.marseille.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°758 du 1 octobre 2022, avec le titre suivant : Tout Vieira da Silva

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