Tout Munch à Lugano

Le Journal des Arts

Le 25 septembre 1998 - 486 mots

Réticent à se séparer de ses tableaux, le Munch Museet d’Oslo a néanmoins prêté 38 des 115 œuvres présentées dans la vaste exposition monographique consacrée à Edvard Munch par le Musée d’art moderne de la Villa Malpensata, à Lugano. Une place importante y est faite à la gravure, comme l’explique Rudy Chiappini, commissaire de l’exposition et directeur du musée.

LUGANO. Parmi les 75 peintures et les 40 gravures présentées, se détachent naturellement les créations des années berlinoises de la dernière décennie du XIXe siècle, Puberté, Madone, Vampire, Angoisse et Désespoir, ou encore le célèbre Cri de 1893, véritable icône de la modernité. S’y ajoutent des œuvres postérieures, comme les Jeunes filles sur le pont et la Danse de la vie, toutes deux faisant partie de la Frise de la vie, un gigantesque projet dont Munch a poursuivi la réalisation pendant de longues années. D’autres travaux significatifs sont exposés par ordre chronologique, sans s’interdire quelques rapprochements thématiques : de la période de formation à ses rapports à la France néo-impressionniste, des évocations symbolistes à des thèmes récurrents, souvent repris dans sa vieillesse.

Comment êtes-vous parvenu à obtenir un prêt aussi considérable d’œuvres de Munch, alors que vous n’avez pas les moyens de pratiquer une politique d’échange ?
Il me faut revenir un peu en arrière pour vous répondre. Lorsque la collection Thyssen a quitté Lugano, la municipalité s’est demandé comment elle pourrait rester dans le circuit et maintenir une offre internationale. Il a fallu réorganiser la politique du musée, et l’on a décidé de faire deux expositions par an, toujours de haut niveau. Nous avons alors commencé un travail intense de contacts personnels avec les autres musées, ce qui nous a d’abord permis de faire connaissance, puis nous a amené à des rapports d’estime.

Sur quel plan cette exposition est-elle différente de celles qui ont été consacrées à Munch ces dernières années ?
Il s’agissait d’expositions très importantes, mais partielles. Au contraire de ce qui a été fait à Paris au Musée d’Orsay, en 1991-1992, où il n’était question que des rapports de Munch avec la France, ou bien très récemment en Allemagne, sur ses relations avec l’art allemand, celle-ci est une véritable anthologie qui suit l’intégralité du déroulement de son parcours. C’est une exposition d’ensemble, qui va jusqu’à la fin de sa vie, bien que l’on ne s’attarde pas vraiment sur cette dernière période qui souffre d’une indéniable baisse de qualité. D’autre part, outre les peintures, nous avons tenu à donner une large place à la gravure. Nous avons sélectionné certains sujets fondamentaux de l’œuvre picturale, en juxtaposant des œuvres réalisées dans différentes techniques graphiques. On trouve donc des gravures au burin, des eaux-fortes, des gravures sur bois, sur lesquelles Munch est souvent intervenu a posteriori, par exemple en les coloriant.

EDVARD MUNCH

Jusqu’au 13 décembre, Musée d’art moderne, Villa Malpensata, 5 Riva Caccia, Lugano, tél. 41 91 994 43 70, tlj sauf lundi 10h-12h, 14h-18h, jours fériés 10h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°67 du 25 septembre 1998, avec le titre suivant : Tout Munch à Lugano

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