Photographie

Thierry Fontaine, des résonances magnétiques

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 10 mai 2017 - 415 mots

La monographie qui lui est consacrée par le Frac Paca en partenariat avec le Frac Réunion déploie toute la poétique onirique de l’œuvre.

MARSEILLE - Les ballons de football de Thierry Fontaine sont des noix de coco à la coque maquillée de damiers noir et blanc, les visages se couvrent de terre et les chaussures d’oursins, comme après une traversée en mer. Le feu ravive de son côté les esprits tandis que le jeu est une fabrique de rêves et d’ellipses d’où émergent des poissons aux écailles d’or ou noir de jais. « L’énigme, l’équivoque et le paradoxe habitent assidûment les œuvres de Thierry Fontaine », souligne Dominique Abensour, commissaire de la première monographie d’envergure pour cet artiste, présentée au Frac Paca (Fonds régional d’art contemporain Provence-Alpes-Côte d’Azur). Distinction est ici faite entre « la sculpture comme expérience productive, et la photographie comme dispositif constructif ». Les sculptures, les objets qu’il crée ou fait fabriquer puis met en scène avant de les photographier sont des fables ou contes modernes orchestrant la mémoire, l’enfermement et l’intime, à l’image de ses portraits ou autoportraits aux traits recouverts ou dissimulés par un élément (coquillages, pierre…).

La poétique onirique de Thierry Fontaine a pour système racinaire son île natale, l’île de La Réunion, l’histoire de l’esclavage et le vécu de l’auteur. Le recours régulier au corps (souvent à son propre corps), aux gestes et aux cinq éléments (l’eau, le feu, la terre, le métal ou le bois) participe d’un langage propre tandis que la mise en scène convoque un récit porteur à la fois de constats, de projections et d’émancipations.

La monographie du Frac Paca, montée en partenariat avec la Cité des arts de La Réunion et le Frac Réunion – qui l’exposeront à partir de septembre – , et avec le soutien de la galerie Les Filles du Calvaire (prêteuse de la plupart des 70 pièces exposées ou projetées), permet de prendre la mesure de la cohérence de ses différents travaux, sur vingt ans de création. Les liens ou correspondances que la commissaire tisse et développe réfléchissent leur force « intranquille » voire magnétique.

Seul le sous-titre de l’exposition, « Vers le but », reste une énigme pour son incongruité par rapport au propos. Bien plus pertinent est celui d’« Archipel » donné par La Terrasse, espace d’art de Nanterre (Hauts-de-Seine) ; l’installation à même la pelouse de l’Arche de la Défense de quelques images confère à celles-ci ce statut d’« objet-sculpture » si cher à leur auteur.

Thierry Fontaine. Vers le but
Jusqu’au 4 juin, Frac Paca, 20, bd de Dunkerque, 13002 Marseille.
 
Thierry Fontaine. Archipel
Jusqu’au 30 juin, La Terrasse, espace d’art de Nanterre, 47-215, Terrasse de l’Arche, 92200 Nanterre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°479 du 12 mai 2017, avec le titre suivant : Thierry Fontaine, des résonances magnétiques

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