Architecture

Architecture balnéaire

Sur la plage, des pavés

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 9 novembre 2016 - 509 mots

La Cité de l’architecture se penche sur l’histoire des villégiatures et de l’urbanisme des villes situées en bord de mer.

PARIS - Sur l’affiche de l’exposition, le sous-titre un brin naïf laisse songeur : « Venez voir les beaux châteaux de sable faits par les grands. » Réflexion faite, le titre aussi : « Tous à la plage ! ». Tout le monde aura néanmoins saisi le propos : cette exposition déployée à la Cité de l’architecture et du patrimoine, à Paris, conte l’histoire des villes balnéaires du XVIIIe siècle à nos jours, principalement en France, mais aussi dans le monde à l’aide de quelques exemples emblématiques.
Cette conquête progressive des bords de mer, qui s’amorce vers 1730 sur les côtes anglaises, se décline ici sous la forme de plans, dessins, maquettes, photographies et films illustrant les divers projets d’architecture et d’urbanisme. S’y greffent œuvres d’art (estampes et peintures) et objets du quotidien – maillots de bain, équipements de voyage, souvenirs en coquillage… À travers plus de 400 œuvres et documents sont ainsi passées en revue les différentes typologies de villégiature balnéaire : depuis les plus aristocratiques, au XIXe siècle, jusqu’à celles plus modestes, un siècle plus tard, dévolues au tourisme de masse ; depuis les premiers bains de mer pratiqués à des fins curatives jusqu’aux rituels contemporains, ludiques ou sportifs.

Le début de l’exposition est plutôt laborieux et le visiteur doit se contenter de quelques plans de « bathing machines », ces cabines de bains hippomobiles en bois. Mais lorsqu’une architecture balnéaire se met en place, le parcours prend alors sa vitesse de croisière. Une maquette montre ainsi Arcachon, vers 1900, avec déjà une étonnante distinction qui scinde virtuellement la cité entre, d’un côté, une « Ville d’été » en bord de mer, de l’autre, une « Ville d’hiver » retirée sur les hauteurs. Un mur de photographies en noir et blanc permet de comparer les différents styles de construction : l’esplanade en planches d’Atlantic City (New Jersey, États-Unis, 1900) n’a rien à envier à la jetée-promenade de Trouville (Calvados, 1892). De la villa Téthys, à Pyla-sur-Mer (Gironde), réalisée par Roger-Henri Expert en 1926, on peut voir un dessin gouaché. Ailleurs sont évoqués, à travers photos ou dessins, ces hôtels chics du début du XXe siècle, tel le Negresco érigé à Nice entre 1911 et 1913 par Édouard Jean Niermans – également auteur de l’Hôtel du Palais, à Biarritz –, ou ce « paquebot » baptisé Latitude 43, à Saint-Tropez, palace des années 1930 dû à Georges-Henri Pingusson, abritant à l’époque 110 chambres et aujourd’hui transformé en résidence privée. À l’échelle de l’urbanisme, l’édification dans les années 1960 de La Grande-Motte (Hérault) par Jean Balladur, architecte en chef de la station, est illustrée par de splendides esquisses en perspective.

Pour être complète, la présentation s’achève sur une sélection de projets très récents, comme la restructuration du littoral de Benidorm, en Espagne, par les architectes Carlos Ferrater et Xavier Martí, ainsi que plusieurs projets de villes flottantes, lesquelles tendent à se multiplier, faute de place sur la terre ferme.

TOUS À LA PLAGE !

Jusqu’au 13 février 2017, Cité de l’architecture et du patrimoine, 45, av. du Président-Wilson, 75016 Paris, tél. 01 58 51 52 85, www.citechaillot.fr, tlj sauf lundi et mardi 11h-19h, jeudi jusqu’à 21h, entrée 8 €.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°467 du 11 novembre 2016, avec le titre suivant : Sur la plage, des pavés

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