Stéphane Couturier, paysage sur catalogue

L'ŒIL

Le 1 juillet 2004 - 373 mots

Tijuana, San Diego, Hyères ? Où sommes-nous ? Dans quelle banlieue ? Stéphane Couturier, pour la première fois, s’échappe des villes qu’il a tant photographiées, pour explorer l’espace semi-urbain des banlieues où la nature résiste, tant bien que mal, à la construction. C’est également une exploration de l’espace individuel, lui qui a tant photographié les espaces collectifs comme les tours de Séoul, Moscou ou encore la Défense. Certes Stéphane Couturier n’est pas le premier à se pencher sur les banlieues, et le modèle de la « surburb » américaine est au cœur de l’œuvre d’un grand nombre de photographes comme Walker Evans, Robert Adams (enfin redécouvert !), Stephen Shore ou Lewis Baltz, ceux de la nouvelle topographie.
Mais la topographie de Couturier semble ambiguë, elle sonne faux : le photographe ne porte pas uniquement son regard sur ces banlieues, il les recompose : souvent ses paysages n’existent pas, il joue, il aime brouiller les cartes, avec des diptyques ou des polyptyques : le photographe joue avec ses tirages. Certes ces maisons existent bel et bien, situées sur plusieurs continents, mais leur agencement dépend du bon vouloir du photographe et de sa scénographie : toutes ces maisons, situées dans des sortes de principautés insulaires, sont interchangeables quel que soit le pays… Témoignage de l’inexorable uniformisation de nos lieux de vie. Échos également à son travail précédent : ces maisons sont comme des tours couchées.
Cette série, le photographe l’a intitulée : Landscaping. Toutes ces maisons sont semblables mais les propriétaires personnalisent leur jardin, composés selon leur humeur et leurs moyens… Dans les brochures d’agents immobiliers ce choix est appelé landscaping, le paysage sur catalogue. Jusqu’à maintenant Stéphane Couturier posait un regard sur un monde urbain en construction, il en était le témoin, désormais avec cette dernière série c’est lui le grand ordonnateur, un architecte de banlieues qui deviennent vite imaginaires. Un pied de nez face à l’uniformité.

Stéphane Couturier », Bibliothèque nationale de France, site Richelieu, galerie photographique, 59 rue de Richelieu, IIe, tél. 01 53 79 59 59, 15 juin-29 août. Monographie chez Adam Biro. - Exposition à la Fnac Montparnasse, 136 rue de Rennes, VIe, tél. 01 49 54 30 00, 25 juin-11 septembre. - « Forum für fotografie », Cologne,18 septembre-18 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°560 du 1 juillet 2004, avec le titre suivant : Stéphane Couturier, paysage sur catalogue

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