Stani Nitkowski ou l’art de survivre

L'ŒIL

Le 1 mai 2006 - 357 mots

L’histoire de l’artiste Stani Nitkowski est des plus tristes. Myopathe, cloué dans un fauteuil roulant à l’âge de vingt-trois ans, il commence à peindre en 1973 et expose, grâce à l’attention que lui porte Robert Tatin, à partir des années 1980.
Reclus depuis 1996 dans son atelier qu’il appelle alors sa « cellule », l’homme se suicide en 2001, à cinquante et un ans. Apprécié du peintre Corneille (né en 1922) et de Jean Dubuffet (1901-1985), Nitkowski voue son existence à la peinture, au dessin et à l’écriture.
Fidèle aux galeries parisiennes L’Œil de Bœuf et Vanuxem, l’artiste aura également les honneurs d’une vaste rétrospective muséale à Niort en 1993. À titre posthume, la Halle Saint-Pierre (Paris) et la ville d’Angers lui ont rendu de vibrants hommages en 2002 et 2003.
Dans un style qui oscille entre expressionnisme et art brut, l’art de Stani Nitkowski ne laisse pas indemne. De l’énergie désespérée de sa peinture tour à tour épaisse ou jouant sur les transparences naît un malaise, mais aussi une intense émotion.
Cette triple exposition, organisée à l’occasion du cinquième anniversaire de la disparition du peintre, parcourt sa carrière à travers les différentes techniques qu’il a expérimentées.
Quel que soit le médium utilisé, huile sur toile aux tons sourds ou encre sur papier aux traits vigoureux, Stani Nitkowski crée des œuvres puissantes, nerveuses. Personnages monstrueux aux chairs à vif et aux membres sanguinolents (Sans titre, 1990), silhouettes floues évoquant une douleur intériorisée (L’Aumône, 2000), figures criantes (La Chienne andalouse, 1999) ou corps de marionnettes désarticulées (Le Pisseur, 1993) habitent les cimaises des trois galeries. Des œuvres souvent d’une extrême violence qui témoignent de la rage, de l’instinct primitif de survie d’un artiste continuellement hanté par la mort.
Une importante monographie accompagne cet événement et devrait contribuer à faire découvrir la singularité de cet artiste aujourd’hui encore peu connu.

« Stani Nitkowski, parcours », galerie Olivier Vanuxem, 54 rue Mazarine, VIe, tél. 01 43 54 54 53 ; galerie Sellem, 5 rue Jacques Callot, VIe, tél. 01 56 24 34 74 ; galerie Idées d’artistes, 17 rue Quincampoix, IVe, tél. 01 42 77 85 10, jusqu’au 27 mai 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : Stani Nitkowski ou l’art de survivre

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