Spéciale dédicace à George Sand

Par Manou Farine · L'ŒIL

Le 1 janvier 2005 - 385 mots

Saluer celle qui revendiquait avec gourmandise, conviction et liberté le droit à la passion, tel est le postulat engagé par les musées de Châteauroux à l’occasion du bicentenaire de la naissance de l’enfant du pays. Et auquel auront répondu pas moins de cent quatre-vingt-dix-sept artistes et presque autant de pratiques artistiques. Une mêlée laborieuse à charpenter, d’autant que l’écrivain et son énergique biographie dispensent un cortège engageant de points d’accroche. Du lyrisme sentimental des débuts, aux rêveries champêtres et sereines de l’œuvre tardive, en passant par le romantisme teinté d’humanisme des années politiques, de la femme affranchie et volontaire, à la « bonne dame de Nohant », de l’écrivain au journaliste engagé ou même au peintre, le personnage se présente comme un heureux matériau, fournissant stéréotypes, failles, plis, autant de contradictions et de sentiers buissonniers pour les artistes qui auront planché sur le sujet ou qui auront fait montre de quelques connivences avec l’écrivain dans leur parcours plastique. On ne s’étonnera donc pas que leurs propositions s’attardent sur la vie bien plus que sur les romans dont la plume prolixe et enthousiaste aura sans doute moins marqué les esprits que la ferme manière dont George Sand traversa ce siècle d’hommes. Qu’en demeure-t-il alors ? Hommage précis à la femme de lettres, rendu notamment par Erró, nostalgie et parfum d’enfance, résonances lointaines de la figure amoureuse ou féministe, évocation de « ses » grands hommes, examens et prolongements actuels des engagements soutenus par la femme politique et par ses écrits alors qu’elle bousculait préjugés sociaux et ordre bourgeois, prenant fait et cause pour la révolution de 1848 (avant de quitter, déçue, la scène politique), tels sont quelques-unes des empreintes retenues par les artistes, parmi lesquels Valerio Adami, Gérard Collin-Thiebaut, Ernest Pignon-Ernest, Luna ou encore l’inoxydable Ben. C’est donc pour l’actualité des combats menés par George Sand que se passionne une bonne part des participants, ou par ce biais que l’exposition juxtapose œuvres et sujet. L’assortiment touffu compose alors une mosaïque inégale, mêlant quelques (rares) noms à de jeunes artistes pour la plupart inconnus. Un assortiment sur lequel plane toutefois l’ombre de la figuration libre et de la figuration tout court, fournissant à l’ensemble un indéniable parfum d’années 1980.

« George Sand – Interprétations 2004 », CHÂTEAUROUX (36), Les Cordeliers, 2 descente des Cordeliers, tél. 02 54 61 12 30, jusqu’au 20 février.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°565 du 1 janvier 2005, avec le titre suivant : Spéciale dédicace à George Sand

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