Arts primitifs

Sièges africains, de l’utilitaire à l’œuvre d’art

Le Journal des Arts

Le 1 octobre 1994 - 462 mots

Le Musée National des Arts d’Afrique et d’Océanie (MAAO) présente une sélection de cent cinquante sièges d’Afrique, provenant pour la plupart de grands musées européens (Africa Museum de Tervuren, Musée Rietberg de Zurich, British Museum...) et de collections privées. Tabourets, trônes royaux ou chaises d’apparat, autant de \"sièges-sculptures\" considérés jusqu’ici comme utilitaires.

PARIS - L’inventivité et l’originalité des sièges d’Afrique nous font oublier qu’il y a encore quelques années, le mobilier africain, à l’instar des poteries, vanneries ou tissus, se rangeait dans la catégorie des objets fonctionnels et non des œuvres d’art. En 1980, Roy Sieber, avec l’exposition "African Furni­­ture and Household Objects" à Indianapolis, ouvre une nouvelle voie en octroyant à ces objets du quotidien leurs lettres de noblesse. Cette démarche sera suivie par l’exposition "Cuillers-Sculptures" en 1991, au Musée Dapper, dont le MAAO se fait encore l’écho ici.

Ainsi, du tabouret en bois aux trônes richement décorés, le siège en Afrique, loin d’être dénué de toute valeur esthétique, offre au contraire une grande diversité de formes. La "chaise à accoudoirs" par exemple, introduite dès le XVe siècle par les Portugais, est adaptée avec ingéniosité selon le style en vigueur dans chaque région. En Afrique centrale, les chaises d’apparat s’inspirent des modèles européens des XVIe et XVIIe siècles mais le décor reste typiquement africain. Masques, figures mythologiques ou bien scènes de la vie quotidienne sont sculptés sur les sièges Tchokwe d’Angola ou Pende du Zaïre.

Les tabourets royaux des Lubas
Sur les trônes royaux du Cameroun, très différents par leur forme circulaire, des sculptures de personnages et d’animaux symboliques, véritables scènes historiées, font office de dossier ou de pieds. S’ajoutent aux thèmes figuratifs des plaques métalliques, des perles ou des clous en laiton, qui recouvrent parfois la totalité du siège. Plus simples, les tabourets en bois, d’origine très ancienne en Afrique, jouent à l’inverse sur l’abstraction. Du tabouret monoxyle cubique ou cylindrique, de type "tambour" ou tripode, se dégagent des formes pleines ou ajourées, aux lignes pures et abstraites. Certains, presque "minimalistes", continuent d’influencer le design contemporain.

Mais les plus remarquables sont les tabourets royaux des Luba du Zaïre. Ces tabourets à cariatides comptent parmi les plus belles pièces de l’art africain. Ainsi, en guise de piétement, une femme agenouillée soulève un plateau circulaire, telle une porteuse d’offrande sereine et spirituelle.

\"Sièges africains\"

Musée national des arts d’Afrique et d’Océanie, 293, avenue Daumesnil - 75012 Paris, du 26 octobre 1994 au 9 janvier 1995 ; Catalogue : 125 illustrations en couleur, 220 illustrations en noir et blanc, 224 pages, 300 F ; coédition Prestel/RMN.

Exposition présentée en collaboration avec le Vitra Design Museum de Weil-am-Rhein et du Musée royal de l’Afrique centrale de Tervuren, qui sera reprise à Munich et à Vienne en 1995, puis au Danemark et en Belgique en 1996.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°7 du 1 octobre 1994, avec le titre suivant : Sièges africains, de l’utilitaire à l’œuvre d’art

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