Sexe, couleurs, disproportions... L’artiste américain excelle dans l’art de provoquer

Par Anouchka Roggeman · L'ŒIL

Le 1 septembre 2006 - 477 mots

Jeff Koons : « Dans le domaine de l’art, l’espace et le temps sont limités pour faire passer une information. Je cherche toujours à être plus lisible, à avoir plus d’impact. »

Inspiré du pop art, Jeff Koons crée depuis les années 1980 des œuvres qui marquent le spectateur par leur aspect immédiat et percutant. Comme dans les sculptures et peintures présentées au Palazzo Grassi, il fait appel à des ressorts tels que l’ironie, l’exagération, l’humour et bien sûr la sexualité, pour parvenir à une efficacité maximale.

Le long du Grand Canal trône un jouet libidinal
Placé à l’extérieur du Palais, sur le Grand Canal, Balloon Dog fait sourire tant sa taille est disproportionnée. Ses surfaces brillantes, ses formes rebondies et sa couleur rose Malabar en font un objet ludique et accessible.
Comme les autres œuvres de la série « Célébration », une série dédiée aux événements du calendrier, la sculpture tire sa force du contraste radical avec l’objet d’origine. Éphémère, léger, miniature et bon marché, le jouet de référence est aux antipodes de cette sculpture en acier immobilisée sur son socle. La tension est aussi provoquée par l’innocence en apparence trop évidente du jouet, mais qui glisse en réalité vers le registre sexuel.
« Ce chien a un aspect équestre », explique Jeff Koons. « À l’extérieur, c’est une célébration, mais à l’intérieur il y a un aspect plus sombre. Dans la queue, dans les jambes, on peut y voir des éléments sexuels, tout dépend de la façon dont vous regardez l’objet. »

Entre romantisme et porno-kitch
Hanging Heart (1994-2006), le gigantesque cœur rouge situé dans l’atrium du Palais, est si imposant qu’il est à la fois l’objet et le symbole de cet objet. Après avoir vu ce pendentif dans une boutique new-yorkaise, Jeff Koons a voulu le transformer pour en faire un « archétype ». Si l’objet tire toute sa sensualité de ses courbes arrondies, qui vont jusqu’à la pointe bombée du cœur, c’est dans le ruban doré, négligemment noué, que se dégage son érotisme. D’après l’artiste, ce « symbole de romance et de spiritualité » tire son efficacité de l’opposition entre deux forces, « une force classique, qui vient du sol, et une force baroque, plus éphémère, qui vient du plafond ».

Réalisée en 1991, l’année de mariage entre Jeff Koons et l’actrice pornographique dite La Cicciolina, Bourgeois Bust, Jeff and Ilona représente le torse des deux amants, nus et enlacés. Provocant, l’artiste détourne l’aspect austère et solennel du buste bourgeois pour en faire un objet kitsch et sensuel.

Dans la même série intitulée « Made in Heaven », objet de scandales, l’artiste réalisa des photographies érotiques de sa femme et de lui dans un décor de Jardin d’Eden. Suite à leur divorce douloureux, il fit détruire toutes les œuvres de cette série. De quoi ajouter un peu plus de charges émotionnelles aux œuvres qui restent.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°583 du 1 septembre 2006, avec le titre suivant : Sexe, couleurs, disproportions... L’artiste américain excelle dans l’art de provoquer

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