Art moderne

XXE SIÈCLE

À Sète, un Marquet peu cohérent

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2019 - 547 mots

SETE

L’exposition du Musée Paul-Valéry peine à raconter le lien du peintre à la Méditerranée, et le choix des œuvres apparaît hasardeux.

Sète (Hérault). Le grand voyageur qu’était Albert Marquet (1875-1947) a souvent traversé ou longé la Méditerranée et, en 1924, il a effectué un séjour productif à Sète. Le Musée Paul-Valéry y conserve la toile Voiliers à Sète et une série de dessins exécutés à cette occasion, points de départ de cette exposition. Quatre-vingt-trois œuvres explorent le sujet de la Méditerranée dans une scénographie à peu près inexistante et sans que l’on comprenne toujours ce qui a conduit à leur choix. Certes, la plus grande partie de la production de Marquet reste en mains privées et les prêts peuvent être difficiles à obtenir, mais, dans son œuvre pléthorique, il aurait sans doute été possible de trouver de quoi monter une exposition plus cohérente.

Si un grand portrait photographique du peintre est placé à l’entrée des salles, il n’y a pas de clichés de ses voyages. Or ceux-ci apporteraient des informations car Marquet les a pris souvent avec d’autres peintres et, à partir de 1923, avec Marcelle, son épouse, qui a beaucoup écrit sur son œuvre et leur vie commune. En dehors des nombreuses photos et lettres laissées par Marquet et son entourage, la plupart des renseignements dont nous disposons sur ces périples viennent d’elle, et c’est encore elle qui est à la source de la relation particulière du peintre à l’Algérie puisqu’elle y était née, y vivait lorsqu’ils se rencontrèrent, et qu’au cours de leurs nombreux séjours dans ce pays elle lui servait de traductrice. Or Marcelle Marquet n’apparaît que dans Le Plateau de cuivre (Portrait de Marcelle Marquet à Alger) [1932], dans la section consacrée à l’Algérie : elle est quasiment absente de cette exposition qui ne s’approche jamais de l’homme qu’était Marquet.

Un propos flou

Les œuvres sont réparties par pays de destination. L’accent est peu mis sur l’évolution de l’artiste, alors que, pour l’Italie par exemple, il s’est passé près de trente ans entre Naples et Venise. Il n’y a malheureusement pas de vues de Saint-Tropez où Marquet a découvert la Méditerranée en septembre 1905. Ce voyage au cours duquel il a également peint Cassis, Nice, Menton, n’est évoqué que par Agay, les roches rouges. Au cours de ses déplacements, le peintre n’a pas toujours pu travailler à l’huile comme il l’aurait voulu. Mais il lui était possible de dessiner à l’aide du petit attirail d’aquarelliste dont il ne se séparait jamais. Il est dommage que l’exposition présente très peu d’œuvres sur papier.

Par ailleurs, le choix erratique des sujets étonne. La section sur l’Algérie montre des thèmes divers (ports, jardins, intérieurs) quand certaines destinations sont évoquées seulement par des vues de mer et que d’autres n’en comportent aucune. C’est le cas de Collioure, dont on connaît pourtant des peintures montrant la baie. Et comment justifier la présence d’une vue de Galatz (1933), une ville roumaine située sur le Danube, à près de 150 km de la mer Noire ? Pour y parvenir, les Marquet étaient passés par la Méditerranée, mais le lien est ténu, trahissant le propos flou, à la fois très large et non exhaustif de l’exposition. À ce compte, des vues du Nil du voyage de 1928 auraient été moins choquantes.

Marquet, la Méditerranée d’une rive à l’autre,
jusqu’au 3 novembre, Musée Paul-Valéry, 148, rue François-Desnoyer, 34200 Sète.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°529 du 20 septembre 2019, avec le titre suivant : À Sète, un Marquet peu cohérent

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