Fondation Salomon, Alex (74)

Samuel Rousseau - Premier bilan

Jusqu’au 7 novembre 2010

Par Bénédicte Ramade · L'ŒIL

Le 23 août 2010 - 333 mots

Il n’a que 39 ans, mais Samuel Rousseau s’offre déjà une rétrospective pour ses quatorze ans de carrière.

 Venu à la Fondation Salomon en voisin puisqu’il vit et travaille à Grenoble, il déploie dans les différentes pièces du château ses subterfuges vidéos et autres tours de passe-passe. Quand une bougie est éteinte, son ombre, elle, est allumée (Un peu d’éternité, 2009). L’ossature dépouillée d’un arbre majestueux se pare peu à peu d’un feuillage selon un principe similaire dans L’Arbre et son ombre, jouant son propre cycle des saisons.

L’humour et la poésie se conjuguent donc dans une pratique de l’art vidéo sans prétention à l’heure où les jeunes générations d’artistes se sentent obligées d’entrelarder leurs œuvres de dizaines de références. Rousseau, lui, ose les effets, ose s’amuser. « En véritable alchimiste des algorithmes, Samuel Rousseau crée tant des saynètes animées que des arrêts sur image qui nous offrent à voir sa vision poétique, souvent drolatique, du monde. Une vision qui cultive le micro et le méga, l’élémentaire et l’hybride, l’anecdotique et l’universel », écrit le commissaire de l’exposition [et collaborateur de L’œil] Philippe Piguet.

En 2003, à la Gaîté Lyrique pour la Nuit Blanche, Rousseau avait « enfermé » un géant derrière la façade, déposant du même coup un brevet pour l’invention d’une projection XXL. Cette année, dans cette logique d’échelles tantôt domestique tantôt colossale qui caractérise son travail, il a mis au point des petits boîtiers contenant des plaquettes de gélules et divers médicaments. Dans ce patchwork multicolore, chaque dose s’anime. Magique et hypnotique, la posologie est celle d’une ode au détournement.

Déjà, il y a quelques années, il s’était joué des bons sentiments en fichant une projection vidéo à l’intérieur d’une machine à laver. Le tout était tout bonnement intitulé Lessive raciale. Simple, oui, mais pas innocent. Le sautillement des paradis pharmaceutiques veut bien dire cette ambivalence derrière une apparente bonhomie.

Voir

« Samuel Rousseau », fondation pour l’art contemporain Claudine et Jean-Marc Salomon, château d’Arenthon, Alex (74), www.fondation-salomon.com, jusqu’au 7 novembre.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°627 du 1 septembre 2010, avec le titre suivant : Samuel Rousseau - Premier bilan

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