Samouraï éthique esthétique

Cent quarante objets exceptionnels – armures complètes, casques, armes, caparaçons de chevaux – présentent l’évolution de l’équipement du guerrier japonais de la société féodale, du XIIe au XIXe siècle, époque à laquelle le guerrier au sang noble disparaît pour se fondre dans le Japon moderne. Le parcours, très fluide, est chronologique et thématique. À travers sept sections (du code Bushido [ la voix du guerrier ] aux samouraïs au cinéma via les armes et le cheval), nous découvrons, comme l’écrit le président du musée Stéphane Martin, une « impressionnante procession de fantômes inquiétants caparaçonnés pour l’éternité ». Et, à cet égard, le catalogue de l’expo renferme une mine d’informations.

Visuellement, cette exposition est renversante de beauté. Les armures, avec leurs formes raffinées et leur décoration subtile mixant faune et flore, sont de véritables chefs-d’œuvre. Sociologiquement, l’accompagnement pédagogique clair (plaquette informative, cartels explicatifs) permet de comprendre à quel point « l’éthique du Samouraï » (Mishima) a joué un rôle prépondérant dans le cours de l’histoire du Japon : les principes du bouddhisme zen et du shintoïsme ont influencé l’évolution du code dont l’un des éléments essentiels est de vaincre la peur de la mort. Bref, cette exposition, en tous points remarquable, est à ne surtout pas rater. C’est l’une des plus magiques depuis l’ouverture du Musée du quai Branly.