Sam Taylor-Wood n'est pas de bois

La solitude omniprésente à Zurich

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 21 novembre 1997 - 354 mots

Sam Taylor-Wood, 30 ans, fait partie de cette génération montante d’artistes britanniques. Ses photographies et ses vidéos, qui mettent en scène la solitude contemporaine, sont exposées pour la première fois en Suisse, à la Kunsthalle de Zurich.

ZURICH. Cinq panoramas photographiques de huit mètres de long d’un côté, cinq installations vidéos de l’autre, l’exposition de la Kunsthalle de Zurich constitue la première présentation d’envergure de Sam Taylor-Wood qui mette en relation ses deux types d’expression. Ses images figées ou animées ilustrent les relations complexes entre les individus et une même solitude. Travesty of a Mockery montre, sur deux écrans vidéos, la dispute d’un couple dans une cuisine, avant que la femme ne donne un coup de pied à son compagnon. Cette querelle, qui semble tirée d’une série télévisée n’est pas sans analogie avec la scène de ménage de Violent Incident de Bruce Nauman. Atlantic, exposé lors de la dernière Biennale de Venise, proposait également, sur plusieurs écrans, les rapports conflictuels d’un couple dans un restaurant.
Ces relations brisées renvoient chacun des protagonistes à ses propres pensées, une introspection omniprésente dans le travail de l’artiste britannique. Ses grands panoramas photographiques, réalisés en cinq secondes grâce à un système de prise de vue giratoire sur 360°, retrouvent un classicisme relatif, une unité de temps et de lieu, même si les individus semblent évoluer dans leur propre vie comme autant d’électrons libres.

Musique "jungle"
Dans la vidéo Brontosaurus, un homme nu danse sur de la musique “jungle”, entrecoupée de poses issues de la danse classique. Le spectateur a alors l’étrange sentiment de se trouver dans la situation d’un voyeur, la nudité physique succédant à une mise à nu des sentiments.
Vidéos et photographies relèvent d’une rigoureuse mise en scène théâtrale qui n’est peut-être pas si éloignée d’un James Coleman, même si ses installations vidéo multi-écrans font davantage penser à Eija-Liisa Ahtila. Sam Taylor-Wood dresse en tout cas le constat d’un malaise contemporain qui renvoie dos à dos les individus.

SAM TAYLOR-WOOD, jusqu’au 28 décembre, Kunsthalle Zurich, Limmatstrasse 270, 8005 Zurich, tél. 41 1 272 15 15, tlj sauf lundi 12h-18h, sam. et dim. 10h-17h. Catalogue 150 F. environ

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°48 du 21 novembre 1997, avec le titre suivant : Sam Taylor-Wood n'est pas de bois

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