Salle & Peyton face à face

Rivoli sous le signe de la peinture new-yorkaise

Le Journal des Arts

Le 5 novembre 1999 - 432 mots

Le Castello di Rivoli-Musée d’art contemporain nous propose un automne sous le signe de la peinture, à travers un face à face entre deux artistes adeptes de la figuration. Les œuvres de David Salle, 47 ans, et d’Elizabeth Peyton, 34 ans, mettent en lumière affinités et différences dans la peinture new-yorkaise actuelle.

RIVOLI - David Salle a été présenté au Castello di Rivoli en 1984, grâce à l’engouement du directeur de l’époque, Rudi Fuchs. La cinquantaine d’œuvres postérieures à 1979 réunies pour cette nouvelle exposition, notamment le très récent Pallido interno, met en évidence les différentes références de l’artiste. Il y fait des emprunts aux mass media, à l’image du Pop Art (King Kong, 1983), superpositions de présences, de réminiscences et d’iconographies, qui conjuguent – comme déjà chez Rauschenberg – des fragments de publicités, des citations de la culture populaire et de l’histoire de la peinture, de Géricault à Courbet, des photogrammes cinématographiques et un érotisme soft. Durant ses premières années, David Salle a aussi eu recours à différents matériaux, des supports photosensibles d’Autopsy (1981) à la cire de bougie, comme dans An Agreement (1984). Mais ses iconographies se démarquent tout de même de certains précédents néo-Dada. “Je déteste la culture populaire, déclare-t-il. Seule la culture d’élite m’intéresse. [...] On doit être capable de percevoir la peinture soit en tant que métaphore, soit en tant que réalité physique spécifique... L’idée est de faire quelque chose qui, au lieu de montrer une expérience, devient l’expérience elle-même”.

Appelée à réaliser un “Projet pour le Castello”, Elizabeth Peyton appartient en revanche à cette génération pour laquelle le Pop Art fait déjà partie de l’histoire. Dans ses petits portraits, la répétition de visages célèbres, de Napoléon Bonaparte à Leonardo Di Caprio, est un hommage déclaré à Warhol et à Rosenquist. Ce qui change – un trait commun à toute sa génération –, c’est le sentiment omniprésent du transitoire et de l’intimisme, renforcé par le choix de petits formats, proches de la miniature : “Je pense que la peinture concerne surtout... le fait de ressentir l’absence des personnes et le désir, dans un certain sens, de les retenir”. Ce n’est pas un hasard si dans l’une de ses premières expositions à succès, en 1995, à la Gavin Brown’s Enterprise de New York, Elizabeth Peyton a consacré tout un cycle d’œuvres à la mémoire de Kurt Cobain, le chanteur du groupe Nirvana qui s’était suicidé l’année précédente.

David Salle, jusqu’au 21 novembre, Elizabeth Peyton, jusqu’en janvier, Castello di Rivoli, piazza del Castello, Rivoli, tél. 39 011 958 15 47, tlj sauf lundi 10h-17h, samedi, dimanche et jf 10h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°92 du 5 novembre 1999, avec le titre suivant : Salle & Peyton face à face

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