Rothko chez Mondrian

Suivant un parcours très didactique sans surprise, chaque salle est dédiée à une période de l’artiste, depuis ses premiers tableaux figuratifs dans les années 1930-1940 à ses dernières œuvres aux formats plus petits en passant par sa période classique des années 1950. Ses grandes réalisations sont également évoquées : une esquisse pour la commande de 1958 pour le restaurant new-yorkais de la tour Seagram et une vidéo de l’intérieur de la chapelle Rothko à Houston réalisée en 1968. Rien de révolutionnaire sur l’artiste si ce n’est le lieu de l’exposition : le musée, aux formes simples, sobres et comme modulables, et à la façade de briques rouges est réalisé en 1935 par le père de l’architecture moderne hollandaise, Hendrik Petrus Berlage, grand admirateur de Frank Lloyd Wright. Son décor intérieur en carreaux de céramique jaunes, rouges et noirs répond à la plus grande collection de Mondrian qu’il abrite. Berlage, Mondrian, Rothko, comme une friction de la modernité, en somme. Dans la dernière salle de l’exposition, les deux artistes sont réunis. Une dizaine d’œuvres pour chacun retrace leur cheminement esthétique depuis la figuration jusqu’à « l’abstraction rationnelle » de l’un et « l’abstraction sensible » de l’autre. Sur le mur du fond, un des derniers tableaux de Rothko, rouge vif, retrouvé dans son atelier après sa disparition, jouxte le Victory Boogie-Woogie de Mondrian, dernière œuvre inachevée datée de 1944 et fleuron du musée, qui l’acquit en 1998 auprès d’un collectionneur américain pour près de 40 millions de dollars.