Roger Marx

Un critique engagé

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 mai 2006 - 439 mots

Portraituré par Redon, Rodin et Carrière, Roger Marx (1859-1913), qui fit carrière dans l'administration des beaux-arts, n’en fut pas moins un critique d’art réputé doublé d’un collectionneur avisé.
Parce qu’il est originaire de Nancy, il revenait tout naturellement à la patrie d’Émile Gallé, dont il fut l’ami, de célébrer un jour le travail qu’il a accompli. C’est fait et, pour cela, ils se sont mis à deux : d’une part, le musée des Beaux-Arts de la ville ; de l’autre, celui de l’École de Nancy. Ici, trente ans d’une vie artistique, forte des choix et des engagements esthétiques de Marx ; là, ses relations avec les artistes de l’école qui fait la gloire de la capitale lorraine.
S’il passe sa jeunesse à Nancy et y fait ses débuts dans le journalisme, soutenant des artistes comme Bastien-Lepage ou Victor Prouvé, Roger Marx s’installe à Paris fin 1883. Il sait y trouver toutes les conditions favorables à l’épanouissement professionnel de sa passion pour l’art. Très vite, il y affirme une ligne et une attitude critiques plus idéalistes que réalistes. Il ne cache pas son admiration pour Puvis de Chavanne, Fantin-Latour, Eugène Carrière et Rodin. Grand défenseur de l’idée d’une unité de l’art, il considère que tous les modes d’expression se valent et proclame haut et fort son intérêt tant pour les arts décoratifs que pour l’estampe et l’art de la médaille.
Militant acharné de la cause artistique, Roger Marx est de tous les combats. Proche des conservateurs de musées de province, il influence la politique l’État en matière de dépôt d’œuvres. « Curateur indépendant » avant l’heure, il participe aux commissariats scientifiques des Expositions universelles de 1889 et de 1900.
Passionné par Rodin, il décroche la commande publique de la version en marbre du Baiser. Il favorise l’introduction des arts décoratifs et industriels dans les salons. Bref, il est partout et c’est encore lui qui conçoit l’Exposition centennale de l’art français de 1900.
Critique d’art engagé, il collabore à de nombreux titres dont la Gazette des Beaux-Arts, dès 1894, dont il devient le rédacteur en chef huit ans plus tard. En 1904, il préface la première exposition personnelle de Matisse à la galerie Vollard et publie tout juste avant de mourir un opus consacré à l’art social, comme le manifeste d’une vie toute entière passée au service de l’art vivant.

Nancy (54) : « Roger Marx : un critique aux côtés de Gallé, Monet, Rodin, Gauguin », musée des Beaux-Arts, 3, place Stanislas, tél. 03 83 85 30 72 ; musée de l’École de Nancy, 36-38, rue du Sergent-Blandan, tél. 03 83 40 14 86, du 6 mai au 28 août 2006.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°580 du 1 mai 2006, avec le titre suivant : Roger Marx

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