Bruce Museum jusqu’au 13 mars 2016

Robert Dallet, roi lion

Par Fabien Simode · L'ŒIL

Le 18 janvier 2016 - 391 mots

À quelques kilomètres de New York, à Greenwich (Connecticut), se joue le premier acte d’une petite mais jolie exposition consacrée à Robert Dallet, artiste animalier né en Normandie en 1923.

Si le dessinateur n’est jamais véritablement entré dans les radars institutionnels, il n’a pas échappé à ceux de la maison Hermès, dont il a été l’un des brillants dessinateurs de 1985 (date de sa rencontre avec le président Jean-Louis Dumas) à sa disparition en 2006. C’est Hermès qui, après avoir édité plusieurs carrés, paréos, tapis de bain et, récemment, un service de table avec ses dessins, est à l’initiative de cet hommage, lequel, après les États-Unis, voyagera en Allemagne, en Italie, en Chine, en Inde et, on l’espère, en France.

Une soixantaine de dessins à l’encre, aquarelles, huiles et acryliques, montées sur d’élégantes cimaises modulables, montrent l’étendue du talent de l’artiste pour capter la vie des « grands chats », dont il s’est fait un spécialiste et un défenseur. Géricault peignait les chevaux, Robert Dallet, lui, a voué sa vie aux fauves, avec l’œil clinique d’un scientifique : « Je ne suis pas un peintre. Je n’interprète pas, j’étudie », disait l’artiste, qui portait toute son attention aux positions des muscles, au rendu des pelages et à l’expression des animaux croqués sur le vif, au repos ou à la chasse.

C’est dans le regard des animaux que Pierre-Alexis Dumas, qui a connu l’artiste, invite à chercher la puissante singularité de Dallet, qui « était un artiste à part, un être d’une grande humilité et un grand peintre qui exprimait sa propre sensibilité à travers ses dessins », analyse le directeur artistique d’Hermès. Celui-ci insiste sur la nécessité de « regarder les yeux des animaux pour voir ce qu’ils vous apprennent sur vous-mêmes ». Il ne fait aucun doute, devant ses fabuleuses planches, que Dallet témoignait de l’empathie pour ses sujets, autant qu’Hermès en éprouve aujourd’hui pour le travail de l’artiste. C’est d’ailleurs la force et la faiblesse de cette exposition, laquelle, à force d’admiration, met plus en lumière les lions, les tigres, les panthères et les pumas – l’exposition est organisée au bénéfice de l’association Panthera –, que l’art et la manière de Robert Dallet. Du moins pour l’heure, car Hermès le promet : cette exposition n’est que la première étape d’une redécouverte.

« Féroces et fragiles : les grands chats dans l’art de Robert Dallet »

1, Museum Drive, Greenwich (États-Unis), brucemuseum.org

Légende photo

Robert Dallet, ATLAS LION, Panthera leo leo, Gouache et aquarelle sur papier, 50 Á— 65 cm, vers 1980, Émile Hermès Collection - Photo Studio des fleurs © Hermès, Paris 2015.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°687 du 1 février 2016, avec le titre suivant : Robert Dallet, roi lion

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