Art Contemporain - Accrochés avec élégance dans les vastes salles du musée, les corps sombres peints par Georg Baselitz (né en 1938) au cours de la dernière décennie s’imposent avec une force singulière.
Parmi eux se distingue la figure stylistique devenue la marque personnelle de l’artiste : des personnages présentés tête en bas, défiant la lecture habituelle du tableau. Faussement innocent, Baselitz affirme que cette méthode lui permet de se concentrer sur la peinture figurative en évitant l’écueil de l’imitation. Il n’en reste pas moins que ce renversement a été perçu comme un geste brutal, radical, marquant une rupture décisive avec l’attachement au sol, longtemps considéré comme l’un des fondements de l’identité allemande. Pourtant, malgré l’aigle impérial – symbole de l’Empire – lui aussi renversé et trônant dans le musée, ces corps semblent s’être affranchis de leur charge idéologique. Ils se transforment en ombres, en figures diaphanes, flottantes. Tout laisse à penser que, ces dernières années, Baselitz s’intéresse davantage au corps vieillissant et se situe moins dans l’Histoire que dans l’intime. On remarque ici une technique inhabituelle chez le peintre allemand : le collage. Baselitz introduit en effet des matériaux de récupération – morceaux de tissu, torchons, bas de nylon. Faut-il y voir une autre manière de suggérer le passage du temps ? Une dernière image spectaculaire : sur une immense toile horizontale, un corps allongé évoque inévitablement Le Christ mort de Hans Holbein (v. 1520). La mort rôde.
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Renversant Georg Baselitz
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°791 du 1 décembre 2025, avec le titre suivant : Renversant Georg Baselitz





