Biennale

Renée Lévi s’écrit sur les murs

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 3 octobre 2019 - 340 mots

LYON

Street Art. Renée Lévi n’avait pas peint à la bombe depuis une dizaine d’années.

Hugo Vitrani, commissaire d’exposition au Palais de Tokyo et co-commissaire de la 15e Biennale de Lyon, l’a incitée à le faire en lui recommandant des aérosols récents, plus puissants. La vaste installation immersive qu’elle a conçue au MAC de Lyon offre ainsi à ceux qui connaissent son travail une impression de continuité, tout autant qu’une énergie renouvelée (voir ill.). C’est une magnifique surprise, car on ne l’avait pas vue en France depuis l’exposition qu’avait consacré, en 2013, le Frac Bretagne à ses œuvres sur papier et celle organisée en 2011 au Crédac (Ivry), autour de ses toiles sur châssis. Apparue au début des années 1990, la peinture de Renée Lévi (née en 1960), qui est diplômée d’architecture et d’arts plastiques, répond au lieu qu’elle investit. S’emparant d’une grande partie du premier étage du musée, elle met celui-ci sens dessus dessous, multiplie les plans, fragmente l’image, ouvre, et renverse même la perspective en choisissant, par moments, de faire monter la couleur des sols jusqu’aux murs. Cette relation à l’espace se double d’un rapport au corps qui donne sa mesure à l’œuvre, et laisse deviner sa dimension performative. Pratique physique, très intense : « on se sent comme un citron pressé », confiait-elle le jour du vernissage. Il en résulte un chaos à échelle humaine, car il y a, souligne Hugo Vitrani, « un refus de la monumentalité » dans ces installations qui submergent sans chercher à écraser. La modernité d’un tracé sans retouche, qui procède dans l’urgence, et cette façon d’occuper les surfaces valent à Renée Lévi de jouir d’une certaine aura auprès de la scène graffiti. Cette dernière n’a jamais constitué une source d’inspiration pour elle, même si son tracé mime parfois celui de l’écriture. Mais elle s’y intéresse désormais, au point qu’un dialogue s’est noué avec un de ses représentants les plus intéressants, ainsi que le montre, au Musée des beaux-arts de Lyon, la rencontre entre un mural de Renée Lévi et un film animé d’Antwan Horfee. A.-C. S.

Renée Lévi,
au MAC Lyon et au Musée des beaux-arts, 20 place des Terreaux, 69001 Lyon.

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°530 du 4 octobre 2019, avec le titre suivant : Renée Lévi s’écrit sur les murs

Tous les articles dans Expositions

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque