Art contemporain

Récit, archives : les obsessions de Katia Kameli

Institut des cultures d’Islam et Bétonsalon, Paris – Jusqu’au 16 avril 2023

Par Olympe Lemut · L'ŒIL

Le 21 février 2023 - 328 mots

Art Contemporain -  Bien que l’artiste précise qu’il ne s’agit pas d’une « rétrospective », les œuvres présentées à l’Institut des cultures d’Islam et à Bétonsalon couvrent vingt ans de production, comme un premier bilan.

Sa première œuvre, une vidéo de 2002-2003, montre cette recherche constante des structures d’un récit où les faits politiques et les drames individuels s’entrecroisent. L’artiste a réalisé cette vidéo au sortir de la « décennie noire algérienne », soit la période 1992 à 2002, car « il y avait un manque d’images en Algérie » du fait de la censure. Une autre vidéo présente un conteur public marocain qui résume en dix minutes un film indien de trois heures, dans le théâtre de Marrakech (The Storyteller). Le fil conducteur du travail est donc l’essence du récit, qu’il s’agisse du récit officiel en Algérie, que l’artiste décrypte à travers les « chapitres » d’un même film, ou des récits populaires transmis sur plusieurs siècles. Ainsi, La Conférence des oiseaux, récit perse du XIIe siècle, est-elle interprétée par des sculptures d’oiseaux en argile et des aquarelles subtiles qui créent un univers poétique difficile à décrypter. Les sculptures peuvent devenir instruments de musique, comme « un processus d’interprétation » du récit, selon la commissaire Bérénice Saliou. Plus conceptuelle, l’installation autour des Fables de La Fontaine, dont l’artiste retrace l’origine en Inde médiévale (fables de Kalila et Dimna) et le parcours à travers le monde arabe avant l’Europe des Lumières. Katia Kameli décline les fables en tapis persans, en masques d’animaux chimériques et en fausses miniatures orientales, « comme des récits enchâssés ». À Bétonsalon, un film tourné par Assia Djebbar en Algérie en 1977 occupe tout l’espace, avec de vieux téléviseurs diffusant des extraits, et des sculptures inspirées par le film. Le roman national algérien, la place des femmes dans la société post-indépendance, l’identité berbère : « une enquête au long cours, avec un rapport distancié à l’histoire », comme le résume l’artiste. En toile de fond, Katia Kameli évoque « les images manquantes » enfermées dans les archives algériennes depuis plusieurs décennies.

« Katia Kameli, hier revient et je l’entends »,

Institut des cultures d’Islam, 19, rue Léon, Paris-18e
www.institut-cultures-islam.org
Bétonsalon, 9, esplanade Vidal-Naquet, Paris-13e
www.betonsalon.net

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°762 du 1 mars 2023, avec le titre suivant : Récit, archives : les obsessions de Katia Kameli

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