Art moderne

Montargis (45)

Querelles et affinités au Salon de 1819

Musée Girodet - Jusqu’au 12 janvier 2020

Par Dominique Vergnon · L'ŒIL

Le 21 novembre 2019 - 324 mots

Après une longue rénovation, c’est une commémoration sans précédent qui marque la réouverture du musée avec la confrontation, comme au Salon de 1819, de deux artistes célèbres.

À gauche, le jeune Géricault qui a peint dans une somptueuse gamme de brun, d’ocre et de vert une pyramide de détresse et d’espoir. Le Radeau de la Méduse est son grand chef-d’œuvre. La copie accrochée, certes sans génie, rend cependant fidèlement compte du drame humain qui se vit. À droite, s’oppose par sa grâce lumineuse Pygmalion et Galatée de Girodet, né à Montargis, déjà académicien et qui, sous nos yeux, accomplit un prodige : le marbre devient chair. La première toile cause une déflagration, pas la seconde. Derrière ces tableaux se joue en réalité une triple bataille. Esthétique d’abord, entre la doxa classique et la poussée romantique ; politique ensuite, quand monarchie et République se défient ; intellectuelle enfin, nourrie par les critiques partisanes. Passée l’arcade qui évoque celle de la Grande Galerie du Louvre, ce qui ajoute à la vraisemblance, le visiteur est invité à se promener dans une véritable reconstitution du Salon de 1819 qui se révélera être un tournant majeur de la vie artistique. On découvre les nombreux tableaux accrochés, parfois un peu haut, à touche-touche selon l’usage de l’époque. Ils témoignent de l’évolution des genres et de la remise en question de leur hiérarchie. Désormais, les tableaux d’histoire et mythologiques sont en compétition avec les paysages idéalisés, la peinture religieuse, les scènes de genre, les portraits et les toiles signées par une nouvelle génération de femmes. Si la grande majorité des noms sont inconnus, les œuvres n’en demeurent pas moins intéressantes, comme ce portrait de M. de Nanteuil, par Aimable Pagnest, un visage saisissant et si vrai que « Le Titien l’aurait couronné ». La belle tête d’étude à la touche libre de Girodet, Un Tunisien, clôt le parcours. Juste retour, elle sera copiée par Géricault ! L’exposition a reçu le label d’intérêt national.

« Girodet face à Géricault, ou la bataille romantique du Salon de 1819 »,
Musée Girodet, 2, rue du Faubourg-de-la-Chaussée, Montargis (45), www.musee-girodet.fr

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°729 du 1 décembre 2019, avec le titre suivant : Querelles et affinités au Salon de 1819

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