Quand les photographes voient double

La gémellité à la Fondation Cartier

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1996 - 376 mots

Jamais les peintres ne se sont vraiment intéressés au thème de la gémellité, constate Patrick Roe­giers, commissaire de cette exposition. En revanche, les photogra­phes l’ont toujours traité soit de manière occasionnelle, soit par séries. D’où un voyage dans un monde double, à travers 150 œu­vres d’une soixantaine d’auteurs, largement inédites, allant des portraits classiques aux images numériques.

La gémellité concerne les photographes, non seulement parce que certains d’entre eux ont des jumeaux et s’y réfèrent comme Joel Peter Witkin, mais surtout, pour Patrick Roegiers, parce que "l’appareil photographique agit comme un miroir qui dédouble l’image, et le support, malléable et réversible, incline à une réflexion sur l’identique et la différence".

Trois volets structurent l’exposition. Le premier, qui s’ouvre avec le célèbre portrait de Diane Arbus, Jumelles, Roselle (1967), est consacré à la vision  particulière des photographes de la gémellité, qu’elle soit documentaire, esthétique, conceptuelle ou allant vers la fiction. Si Diane Arbus n’a réalisé qu’une image, d’autres comme Dominique Delpoux, Laura Sam­som-Rous, Pere Formi­guera, Harvey Stein, Whist Thorpe mè­nent un travail systématique.

En duo
Le deuxième volet s’intéresse à l’altérité, à la ressemblance, à la transformation et à la manipulation. C’est Andreas Mahl rapprochant Delphine Seyrig et Samy Frey (photographie en "une"), Helmut Newton saisissant un jeu de rôle – Jack Nicholson face à son sosie –, les cartes à jouer de Jan Saudek, la séquence Narcisse de Duane Michals…

Peu de peintres ou d’écrivains travaillent en duo ; en revanche, plusieurs photographes travaillent de concert : Felten et Mas­singer, les Starn Twins, Minkoff et Olesen, Mes­sieurs McDer­mott et McGough (également exposés à la galerie Françoise Paviot),  Aziz et Coucher (aussi exposés à l’Espace d’art Yvonamor Palix)… Le dernier chapitre rendra compte de cette collaboration. L’expo­sition s’achè­ve par le clone créé par Keith Cottingham. Mani­pulations numériques font écho aux manipulations généti­ques : la question de l’identité se pose sous un jour nouveau.

DOUBLE VIE, DOUBLE VUE, Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, 75014 Paris, tél. : 01 42 18 56 50, du 1er novembre au 29 décembre, puis du 10 janvier au 16 mars. Catalogue aux éditions Actes Sud. Colloque les 23 et 24 novembre à la Maison européenne de la Photographie, 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris, tél. : 01 44 78 75 00.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°30 du 1 novembre 1996, avec le titre suivant : Quand les photographes voient double

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