Psy[k]é, formes et couleurs d’une génération

Par Philippe Piguet · L'ŒIL

Le 1 janvier 2005 - 347 mots

Défini comme l’ensemble des phénomènes psychiques qui constituent l’unité d’une personne, le terme de psyché trouve son origine dans le mot grec psukhê, lequel signifie « âme ». C’est dire si le qualificatif de psychédélique – étymologiquement « qui manifeste la psyché » – est riche d’un sens premier qu’on ne lui prête guère. Question de phénomène d’époque et, plus particulièrement, de cette période des années 1960-1970 au cours de laquelle l’adjectif quitta une connotation savante au bénéfice d’une désignation plus triviale. Sous ce label, en effet, fut taxée de psychédélique toute une production artistique, musicale et plastique, qui émergea sur la côte ouest des États-Unis, essentiellement en Californie, pour se diffuser très rapidement à travers le monde et s’imposer comme l’emblème d’une nouvelle génération. La culture rock, l’expression corporelle et la liberté individuelle devinrent ses critères de référence. Volontiers contestataire, impatiente de changer les valeurs d’une société qui ne pensait qu’au profit et à l’apparence, cette génération s’inventa de nouveaux codes et de nouveaux repères pour enfanter finalement une esthétique visuelle propre. Affiches de concerts, couvertures de disques, décors et créations picturales autonomes furent l’occasion de toutes sortes d’expérimentations plastiques. La couleur, la ligne serpentine, les jeux optiques y furent au service de l’expression de visions et d’hallucinations en tous genres dans une manière parfois rétro d’un Art nouveau tantôt récupéré, tantôt revisité, mais toujours excédé. Proprement « flashante », l’exposition du musée de la Publicité remet en selle les noms le plus souvent oubliés d’artistes comme Wes Wilson, Victor Moscoso, Rick Griffin ou David Singer, et de groupes comme Grateful Dead, Big Brother and the Holding Co. ou The Jefferson Airplane. Contemporaines du Pop Art et de son immense succès populaire, du Velvet Underground, des Pink Floyd, des Doors ou de BB King, les années psychédéliques sont surtout celles d’un regain d’intérêt pour des créations imprimées trop souvent considérées comme mineures, alors même qu’elles sont porteuses des aspirations de toute une jeunesse. À voir et à revivre.

« Psy[k]é », PARIS, musée de la Publicité, Union centrale des arts décoratifs, 107- 111, rue de Rivoli, Ier, tél. 01 44 55 57 50, 9 décembre-27 mars.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°565 du 1 janvier 2005, avec le titre suivant : Psy[k]é, formes et couleurs d’une génération

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